La Grèce représente moins de 2% du PIB de la zone euro alors que l'Italie à elle seule représente plus de 15%. Pourtant les taux 10 ans italiens et grecs sont identiques à la fin de l'année 2019. Anomalie de marché ou les marchés sont-ils plus clairvoyants que ce que l'on ne pense ? Commentaire de Nadja de Benedit, Directrice de la gestion collective taux chez Dubly Transatlantique Gestion.
Anomalie de marché ou les marchés sont-ils plus clairvoyant que ce que l'on pense?
C'est la question que l'on peut se poser en observant qu'à la fin de l'année 2019 les taux 10 ans italiens et grecs sont identiques.
En effet, depuis décembre 2019 l'État italien et l'État grec empruntent à dix ans au même taux.
Comment l'un des membres fondateurs de la zone euro et troisième puissance économique de cette même zone derrière l'Allemagne et la France peut-il être jugé par les marchés comme aussi risqué qu'un pays qui, il y a moins de 10 ans était en quasi-faillite ?
Et comment les investisseurs fortement échaudés en 2011 par le non remboursement par la Grèce de ses échéances, ont-ils pu souscrire aux nouvelles émissions obligataires de ce même émetteur ?
Les investisseurs : absence de mémoire ou faculté d'oubli?
Dès 2010, l'Union européenne doit se mettre au chevet de la Grèce pour tenter de résoudre son problème d'endettement public colossal.
Ainsi, plusieurs plans d'aide orchestrés par une triade institutionnelle appelée « Troika » qui comprend la Commission européenne, la BCE et le FMI se succèdent pour un total de 380 milliards d'euros.
La défiance des marchés financiers sur lesquels la Grèce ne peut plus se financer s'est étendue aux autres « mauvais élèves de la zone euro » : Espagne, Portugal, Italie et Irlande, si bien que leurs notations attribuées par les agences de notation S&P, Moody's et Fitch ne cessent de baisser et leur taux d'emprunt d'atteindre des sommets fin 2011/début 2012 (14% pour le 10 ans irlandais, plus de 7% sur les 10 ans italien et espagnol et plus de 37% pour le 10 ans grec !).
Pour éviter une explosion de la zone euro, les autorités mettent en place le Mécanisme Européen de Stabilité (MES), institution permanente capable de lever 700 milliards d'euros sur les marchés financiers afin d'aider sous conditions des États de la zone euro en difficulté et de participer à des sauvetages de banques privées pour essayer de limiter les taux d'intérêt de ces mêmes pays.
C'est ajouté à ces structures et à leurs marges de manœuvre, un plan d'achat massif d'obligations d'État et d'entreprises de premier ordre par la BCE.
En cas de turbulences italiennes, ces mécanismes seront-ils capable de sauver de nouveau la zone Euro?
En cas de crise, les besoins de financement italiens épuiseraient les capacités du fonds de sauvetage dont dispose le Mécanisme Européen de Stabilité en un an seulement...
En comparant les grands agrégats économiques de l'Italie et de la Grèce, on s'aperçoit de la différence de taille, et surtout d'enjeu pour la zone euro : la Grèce représente moins de 2% du PIB de la zone euro alors que l'Italie à elle seule représente plus de 15%.
La mise en place de mécanismes européens et de plans d'austérité depuis 10 ans ont permis la sortie de la Grèce du programme d'assistance financière en août 2018 et son retour sur les marchés financiers.
Sur la même période, une instabilité politique chronique n'a pas permis à l'Italie d'entreprendre les réformes nécessaires, notamment à la réduction de ses déficits. Ceci explique peut-être en partie l'évolution actuelle de la prime de risque des pays de Socrate et de Sénèque.
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