Personne n’est en mesure de fournir la moindre certitude sur l’impact économique de la crise sanitaire. Mais tout le monde fait des prévisions. La dernière livraison du FMI, pourtant souvent qualifiée d’optimiste, est parmi les plus pessimistes. Tout cela dépendra de la durée de période de confinement, des modes de déconfinement, des plans de relance…. Lapalisse n’aurait pas dit mieux.
Sur les marchés, les banques centrales rachètent tout ou presque…. Et les estimations de bénéfices sont en cours d’ajustement. Elles restent le principal « driver » sur les marchés d’actions.
La saison des publications des résultats pour le premier trimestre 2020 débute. Elle est particulièrement attendue dans le contexte actuel, au-delà des chiffres qui porteront une trace encore limitée de la crise sanitaire. Ils devraient, en revanche, être accompagnés de quelques indications concernant le deuxième trimestre. La période s’annonce particulièrement critique sur deux zones économiques importantes que sont le Etats-Unis et l’Europe. La fourchette est large entre un consensus forcément conservateur (il faut le temps de compiler les données) et des anticipations individuelles parfois particulièrement noires faisant état d’un recul de BPA 2020 compris entre 40 et 50 %. Ceux-ci n’anticipent, en effet, qu’une reprise économique très modérée dans la seconde moitié de l’année.
Ce qui est certain, c’est que, depuis un mois, les analystes font tourner les calculettes et que quelques grandes tendances se dégagent. Sur l’indice Stoxx 600 et pour 2020, c’est le secteur « hôtellerie/tourisme » qui est le plus durement touché, avec une révision à la baisse des estimations de BPA (bénéfice net par action) de -56 % sur un mois, suivi du secteur pétrolier (-50 %) et de l’automobile (-33 %) ou encore de la banque (-24 %). Tout cela est finalement assez intuitif. Rien d’étonnant non plus de voir que, parmi les secteurs le plus résilients, se trouve celui de la santé, pour lequel les BPA ont certes également été révisés à la baisse le mois dernier mais de seulement –2,5 % mais qui devrait rester en croissance (+ 2, 8%) en 2020. Idem pour les utilities (-4,6 % mais encore +1,3 %) dont les résultats sont partiellement protégés de l’évolution des prix spot de l’électricité par des ventes à terme et la montée en puissance des productions à base de renouvelable.
Il est intéressant de rapprocher le mouvement de révision des résultats et les performances des différents secteurs sur trois mois. Le tableau ci-dessous montre une corrélation quasi parfaite, exceptions faites des secteurs de l’assurance et de l’immobilier pour lequel à l’évidence le marché trouve que le travail des analystes n’est peut-être pas totalement achevé.
Si l’on reste sur ce constat, il faut naturellement se poser la question des secteurs disposant des plus gros potentiels de rebond des résultats en 2021. Et, de ce point de vue, le consensus ne retient à l’évidence pas un scénario noir sur le front économique. En effet, les plus gros rebonds sont à mettre à l’actif du secteur « Travel & Leisure », du pétrole, de l’automobile et des banques, alors que les lanternes rouges sont les utilities, le secteur des télécoms, de la santé et de l’assurance. Cela explique naturellement que lorsque l’on croit voir une amélioration sur le front économique, comme ce fut le cas vendredi en Chine, ces secteurs retrouvent quelques couleurs. Une hirondelle ne faisant pas le printemps, nous préférons à ce stade nous tenir prudemment à l’écart des valeurs essentiellement dépendantes du cycle.
L’autre constat que l’on fait, géographiquement cette fois, c’est un peu à l’image de ce que l’on anticipait à la même date l’année dernière - et c’est suffisamment rare pour le signaler - la croissance des BPA des entreprises européennes en 2021 serait supérieure à celle des entreprises américaines. L’écart est faible, certes, mais la suprématie US ces dernières années était pour partie liée à la politique fiscale de Donald Trump. Et, sur ce dernier point, il y a de profondes divergences de vues avec le candidat démocrate pour l’élection présidentielle.
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