Faisons d’abord un premier bilan. Depuis le début de l’année le CAC 40, malgré sa reprise, a perdu 26%. Dans le même temps, nous avons œuvré pour amortir au maximum cette chute, les performances dans ce contexte sont très honorables. Le choix de notre équipe de gestion de donner une importance particulière aux valeurs de croissance défensives telles qu’Air Liquide, L’Oréal, Hermès, BioMérieux, Sartorius Stedim s’est révélée payante en ces temps difficiles.
Les 5 étoiles Morningstar et Quantalys acquises par Haas Actions Croissance sonne pour nous comme un encouragement à poursuivre dans cette voie et à rester concentré sur le temps long, seul gage de succès dans un investissement boursier.
Deux questions nous reviennent fréquemment. D’une part, si l’on dispose de liquidités, le moment est-il venu de les employer ? L’autre question porte sur la sortie de crise.
Commençons par rappeler un principe qui, sous des apparences simplistes, n’en est pas moins dénuée de sens. Toute crise a une fin et celle-ci ne dérogera pas à la règle.
Selon les schémas habituels d’une sortie de crise, le rebond ne se fait en principe pas avec les valeurs qui ont le mieux résisté pendant la crise. Air Liquide n’a perdu que 7%, soit presque quatre fois moins que le Cac 40, BioMérieux est carrément en hausse de 49% alors qu’ArcelorMittal a chuté de 45% et Renault de 62%. Air Liquide fait partie de la famille des valeurs de croissance défensives, ArcelorMittal et Renault sont des valeurs cycliques. Si l’on se réfère à la sortie de la crise de 2007/2008, le rebond a bien été le fait des valeurs cycliques et non des valeurs défensives.
En ira-t-il de même cette fois ? Si cela devait être le cas, alors nous devrions acheter du ArcelorMittal, Renault et autres valeurs qui en d’autres temps ne retiendraient pas notre attention et qui probablement poursuivront leur baisse une fois le rebond épuisé.
D’ailleurs rien ne prouve que les valeurs les plus « détériorées » seront celles qui, cette fois, tireront le marché comme les fois précédentes. Certaines sans doute, du fait d’un manque de discrimination du marché pendant la baisse, mais beaucoup ne se rétabliront que très lentement.
Dans le cas présent, nous ne sommes pas dans un schéma classique. Nous sommes confrontés à un choc exogène provoqué par un virus, une cause qui échappe aux raisonnements habituels et rend l’exercice de prévision plus compliqué, ce qui est une raison suffisante pour ne pas se précipiter sur les vieux réflexes, valeurs cycliques ou valeurs de croissance.
En cas de crise prolongée, nous nous sentirons davantage rassurés avec des valeurs de qualité, leaders sur leurs marchés qui, depuis des décennies, font la preuve de leur résilience. Il n’est pas question de remodeler nos portefeuilles pour se livrer à une quelconque course poursuite avec les indices boursiers, comportement caractéristique d’investisseurs insatiables. Restons fidèles à notre style de gestion, à nos convictions.
Et comment supporter le manque à gagner en cas de rebond des valeurs cycliques. Avec un peu de philosophie. « Accepter de ne pas avoir à tout moment le produit du mois ». Cette sage résolution nous avait dissuadé d’alléger nos positions pendant la correction des marchés fin 2018 et nous a permis de profiter pleinement du rebond de 2019. C’est la raison pour laquelle l’année 2019 a été un excellent cru pour notre gestion Actions.
Faut-il profiter de cette baisse pour investir ?
Oui, absolument, mais non pour jouer un rebond ponctuel, mais pour prendre date et préparer l’avenir en acquérant à des prix avantageux des titres de qualité qui en d’autres circonstances sont très chers. Etant donné que les Air Liquide, L’Oréal, Dassault Système, Hermès, BioMérieux enrichissent leurs actionnaires depuis plus de 40 ans nous disposons en ce moment d’une excellente occasion pour poser les jalons d’un placement rentable pour nous et nos enfants.
Les éventuelles pistes de la sortie de crise…
Evidemment, il est impossible d’avoir une réponse claire. L’année en cours est désormais compromise. Cependant les marchés ont déjà baissé, beaucoup et rapidement. Une partie des dégâts occasionnés par la crise sanitaire est maintenant intégrée dans les cours de bourse. Quant à la gravité de la crise, elle l’est certainement pour les petites entreprises mais nous ne pensons pas que pour les grandes capitalisations de dimension internationale, elle le soit davantage que celle de 2007/2008. A l’époque il était très difficile d’en comprendre la nature exacte, nombreux parmi nous découvraient les « subprime ». Les banques ne se prêtaient plus entre elles, on craignait même au plus fort de la panique une pénurie de cash dans les distributeurs.
La crise d’aujourd’hui s’explique par un virus. Partant de là, si la période de confinement n’a pas été trop longue, si le déconfinement n’est pas suivi d’une rechute, si la machine économique peut être relancée progressivement, il arrivera un moment, au cours du second semestre, où les marchés se tourneront vers l’année 2021 qui, par comparaison avec ceux de 2020, verra un fort rebond des bénéfices. Alors ils favoriseront les sociétés au bilan solide qui ont la capacité d’investir pour soutenir leur croissance future. Les valeurs auxquelles nous nous intéressons répondent à ces conditions et devraient en sortir renforcées.
J.J. HAAS
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