Les actions monétaires et budgétaires aux Etats Unis liées à la crise du coronavirus ont d’importants échos dans la Théorie Moderne Monétaire (MMT, Modern Monetary Theory), notamment en ce qui concerne le laisser-aller sur les déficits, des taux d’intérêt « réprimés » et la création monétaire massive.
La popularité de MMT va persister surtout que de nombreux économistes ‘traditionnels’ se rendent compte des limites des théories économiques classiques notamment liées aux contraintes budgétaires.
Pour l’instant, le marché obligataire a bien accueilli les annonces budgétaires massives, ce qui donne beaucoup de crédit aux théoriciens du MMT (eux-mêmes qui soutiennent que les déficits ne font pas forcément monter les taux).
Les critiques de MMT noteront néanmoins – à raison– le flou quant aux vraies limites sur le déficit dans la théorie MMT.
Notre scénario central voit se développer un MMT ‘doux’ et non ‘pur’. Un MMT doux voudrait dire une inflation qui reste basse, et des taux durablement bas, avec une Fed qui garde les taux moyen et long terme implicitement ou explicitement bas. Le risque reste davantage la déflation que l’hyperinflation.
Dans le cas d’un MMT pur, la situation pourrait changer. A surveiller en particulier est un changement institutionnel mettant la Fed directement sous la gouverne de la Maison Blanche, l’émission de dette perpétuelle rachetée entièrement par la Fed, ou la création de passifs par la Fed sans actif en face. Cela pourrait mener notamment à une perte de confiance des investisseurs étrangers. Cela reste notre scénario alternatif, mais nous surveillons si les jalons devaient être passés.
Pour les portefeuilles balancés, il convient de s’interroger sur le rôle de l’or comme potentiel complément des obligations. Un portefeuille 50% actions 50% or a fait tout aussi bien voir mieux ces derniers années qu’un portefeuille 50% actions 50% obligations. La différence entre les deux portefeuilles pourrait se creuser dans les prochaines années puisque les taux d’intérêt long terme pourraient rester bas. L’or pourrait être par ailleurs un bon actif de couverture contre le risque d’une hyperinflation liée à un MMT ‘pur’.
Thomas Costerg, Senior US Economist Pictet WM, et Jacques Henry, Team Leader - Cross-Asset Pictet WM
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