Au terme d’une année 2020 inédite, les experts de la gestion d’actifs de Crédit Mutuel Asset Management dressent le bilan sur les marchés obligataires, actions, diversifiée et opportunités et nous expliquent quelles pourraient être les perspectives de l’année 2021.
1. Sur les marchés obligataires, Eliana de Abreu répond à nos questions :
Quel bilan peut-on dresser sur les marchés obligataires pour l’année 2020 ?
Le premier point marquant est le franchissement par les taux longs de nouveaux points bas, à la fois en Europe et aux Etats Unis, en raison de l’action très rapide et marquée des banques centrales. Le taux 10 ans américain s’est ainsi brutalement effondré d’environ 100pbs passant sous le niveau de 1% alors qu’il s’établissait à 1.92% fin 2019, avec une Fed qui a très rapidement ramené ses taux à zéro dès le début de la crise. Le taux 10 ans allemand a également suivi la même dynamique mais dans une ampleur moindre pour terminer l’année autour de -0.60% contre -0.19% fin 2019. L’autre point marquant, et toujours une conséquence de l’action des banques centrales, c’est la réduction du coût de financement pour l’ensemble des pays périphériques en Zone Euro. La mise en place du programme d’achat pandémique de la BCE a provoqué une nette détente des rendements et a permis récemment à l’Espagne et au Portugal de rejoindre le club des pays avec des taux 10 ans à zéro.
Comment les Etats et les Entreprises ont-ils réussi à se financer dans cette année 2020 compliquée ?
Malgré les nombreuses incertitudes qui ont pesé sur les marchés en 2020, les volumes ont atteint de nouveaux records. Du côté des Etats, les volumes d’émissions bruts en Zone Euro en 2020 ont tous été revus à la hausse d’environ 400Mds€ pour atteindre plus de 1 200Mds€. Du côté des entreprises, on enregistre un record de plus 400Mds€ d’émissions soit une hausse de près de 14% par rapport à 2019. Le marché High Yield a atteint également un plus haut historique. En effet, ces records s’expliquent par le fait que la pandémie de Covid-19 a sensiblement accru les besoins de financement des entreprises, mais aussi parce que la plupart des entreprises ont très vite cherché par précaution à sécuriser leurs besoins de liquidités ou ont choisi de refinancer leurs dettes existantes par anticipation. Les autres faits majeurs sont la hausse des émissions adossées à des thèmes ESG et des émissions de dettes hybrides.
Les banques centrales continueront-elles à jouer un rôle important en 2021 ?
Elles vont rester très présentes en 2021 pour assurer le maintien de conditions de financement favorables. Elles seront très attendues pour absorber les émissions massives des Etats avec notamment l’arrivée de l’Union Européenne qui doit financer la majorité du plan de relance européen de 750Mds€ au cours des 2 prochaines années. C’est une condition nécessaire à l’accompagnement de la reprise économique. La BCE a déjà préparé le terrain lors de sa dernière réunion en renforçant ses mesures et en indiquant clairement qu’elle maintiendra des conditions de financement très favorables jusqu’à ce que les dynamiques d’inflation et d’activité d’avant-crise soient retrouvées. Cela continuera à exercer des pressions baissières à la fois sur les taux et les primes de risques.
Dans ce contexte, quelles sont les perspectives pour les taux souverains ?
L’amélioration progressive des fondamentaux courant 2021 pourrait justifier une légère hausse des taux souverains européens mais la présence des banques centrales devrait limiter ces mouvements et constituer des facteurs de rappel importants à tout resserrement des conditions de financement. Aux Etats-Unis, compte-tenu de la dynamique plus favorable sur la croissance et l’inflation, notamment avec la perspective de la mise en place d’un programme de relance budgétaire ambitieux, des pressions haussières sur les anticipations d’inflation pourraient se matérialiser, ce qui pourrait se traduire par une hausse des taux plus importante outre Atlantique.
Quels sont les classes d’actifs obligataires à privilégier dans ce contexte ?
Dans un environnement de taux négatifs pour beaucoup d’actifs obligataires, les investisseurs devraient continuer à montrer de l’engouement pour les obligations à rendement. La forte présence des banques centrales et l’anticipation d’une reprise économique seront des facteurs essentiels à cette tendance. Le crédit Investment Grade devrait continuer à bien se comporter dans ce contexte, même si le resserrement des primes de risque sera probablement plus limité sur ce segment en 2021. Les secteurs cycliques pourraient continuer à surperformer les secteurs défensifs à mesure que le risque sanitaire se réduira. Les obligations subordonnées, tant corporates que financières, devraient également bien se comporter.
Le crédit High Yield présente également de bonnes perspectives, pour les mêmes raisons, et également parce que les taux de défaut pourraient finalement être moins importants que prévu. Enfin, les dettes émergentes nous semblent également intéressantes, et ce pour plusieurs raisons. Les économies émergentes se sont par le passé montrées plus résilientes que les économies développées. Par ailleurs, les pays émergents sont plus exposés aux secteurs énergétiques et de matières premières et devraient bénéficier d’un redressement des prix de ces derniers dans un scénario de reprise économique. Enfin, la dette externe des pays émergents étant en grande partie libellée en USD, ils bénéficieront de la baisse de la devise américaine dans leurs conditions de refinancement.
2. Sur les marchés actions, Christophe Besson analyse le marché :
Bilan 2020
2020, année d’évènements exceptionnels et de poursuite de tendances boursières contrastées
Au final l’ensemble des grands marchés actions (Monde, US, Japon, Emergents) progresse entre +15% et +18%, à l’exception de l’Europe qui flirte avec le 0. Les tendances se sont accentuées avec les valeurs défensives de croissance et la technologie en forte progression, les valeurs décotées délaissées et à peine redécouvertes en fin d’année. Un retour notable en revanche, celui des petites valeurs domestiques oubliées depuis 2 ans et une volatilité plus élevée malgré la hausse.
Au niveau mondial, le secteur de l’énergie a baissé de -30% quand la technologie a progressé de +44%. On remarquera aussi l’essor des valeurs liées aux matières premières et au cuivre et bien sûr la chute des valeurs liées aux transports et loisirs. En Europe, les banques sont restées déprimées.
2020 débutait sur la question de la fin de cycle économique à venir et des interrogations sur les élections américaines et le Brexit, de l’incertitude prévisible. Les marchés US touchaient des plus hauts en Janvier février tout en comptabilisant les contaminations Covid-19 chinoises avant que l’imprévisible se concrétise avec le début de restrictions de circulation le 24 février en Italie.
Commencent alors une succession d’évènements inédits : économies confinées, télétravail généralisé, nouveaux modes de vie tant professionnels que personnels, interventions massives des banques centrales et des politiques de relance… Le mois de Mars connut un krach éclair sur le pétrole (-30% dans la journée du 9) avant que les marchés actions ne s’enfoncent avec une rapidité incroyable dans une baisse forte en quelques jours entrainant une réaction rapide de toutes les banques centrales (baisse des taux, mesures non conventionnelles, injections de liquidités). Le point bas fut atteint le 23 Mars sur la crainte que le stimulus fiscal aux USA n’accompagne pas la Fed. La reprise des marchés face à la puissance de feu conjointe des banques centrales et des politiques budgétaires fut rapide. Malgré un passage éclair des futurs pétroliers à -40$ le 21 Avril, le 7 Mai le Nasdaq repassait dans le vert suivi le 8 Juin par le SP 500…. Le 3 Juillet la chine touchait un plus haut de 5 ans et le 20 Juillet nouveau record historique du Nasdaq.
La poursuite des tendances initiées depuis quelques années aboutit à une prédominance d’une poignée de titres sur les marchés : les 5 plus grosses sociétés US pèsent 25% du SP 500 !
Les introductions en bourse font la une en fin d’année avec quelques 300 Milliards de dollars levés, mais peu en Europe, et des titres aux parcours fulgurants (x2 le 1er jour pour Airbnb, Snowflake…). Symbolique de l’année, Tesla est la première société à intégrer le SP 500 avec plus de 500 Milliards de capitalisation boursière, alors que Nikola spécialiste des camions électriques ou hydrogène sombre sur des doutes sur la réalité des innovations. Des marchés entre rêve et malversations.
2021, la synchronisation de la relance mondiale
Toutes les banques centrales et les gouvernements sont alignés pour sauver l’économie et les divergences politiques s’estompent face à l’enjeu. Les ratios de dette et de déficit ne sont plus des freins et le FMI encourage les pays développés « to spend big and quick » sur des activités à levier, les infrastructures de technologie verte et la digitalisation.
Les taux bas pour longtemps et la dette d’état excédentaire monétisée par les banques centrales autorisent tous les développements et encouragent les marchés à poursuivre leur marche haussière. Le retour en grâce des secteurs oubliés qui marque la fin d’année devra se confirmer mais leur impact sur la progression globale du marché reste à démontrer compte tenu de leur faible pondération. En revanche l’évolution vers de nouveaux modes de vie que les confinements ont popularisé et la prépondérance de l’économie verte comme cible incontestable des politiques budgétaires tracent des axes d’investissement sur quelques années.
3. Coté gestion diversifiée, David Taieb analyse le marché :
Bilan 2020
2020, une année particulière qui a vu l’émergence d’une crise majeure après la mise en fermeture de nos économies pour lutter contre la Covid19. Ainsi, au-delà, d’une lecture purement comptable de la performance des produits, c’est donc un bilan humain lourd associé à un impact social très fort qui nécessitera un temps certain avant de se normaliser.
Les banques centrales ont su mettre en place des politiques de soutien fortes : le cocktail taux bas + achat d’actifs a donc été extrêmement favorable aux actifs risqués. Coté entreprises, les gagnants ont été toutes les industries de qualité et les secteurs qui ont profité d’un environnement digitalisé. L’exemple le plus emblématique est les plateformes de E-commerce mais pas uniquement, certains secteurs (je pense au luxe notamment ou à des marques comme Adidas/Nike) se sont très bien adaptés et ont très rapidement fait évoluer leurs modèles de distribution en s’appuyant sur leurs outils digitaux.
Lorsque vous combinez ces deux arguments (politique des banques centrales + outil digital) alors vous avez un pays naturellement vainqueur sur le plan économique : les Etats-Unis.
Perspectives 2021
Pour ce début d’année 2021, notre scénario anticipe un retour progressif de l’activité économique soutenue par des politiques budgétaires expansionnistes et une vaccination en masse de la population. Les perspectives de croissance s’améliorent partout dans le monde, et sans re-confinement majeur, les entreprises cycliques et industrielles durement touchées par la crise devraient de nouveau re-fonctionner.
Nous pensons que cette crise aura deux conséquences importantes : la re localisation de certaines industries et la re synchronisation des économies mondiales.
Pour 2021, la performance des fonds ne se fera pas sans volatilité, un certain nombre de risques sont déjà identifiés. La valorisation de certains secteurs se maintiendra-t-elle ? La faiblesse du dollar est-elle justifiée ? la hausse de l’Or est-elle derrière nous ? Une 3e vague de confinement sera-t-elle mise en place ? et à plus long terme, la dette des entreprises sera-t-elle soutenable ? le risque demeure donc, et il nous faudra être en capacité d’assurer une bonne diversification dans nos portefeuilles en ayant une gestion active de nos protections et de nos actifs refuges.
La performance des principaux fonds en 2020 a montré la résilience de nos approches :
2019 |
2020 |
|
Flexigestion Patrimoine |
4,4% |
6,6% |
CM-CIC Tempéré International |
8,1% |
3,4% |
CM-CIC Equilibre International |
14,8% |
5,0% |
CM-CIC Dynamique International |
19,4% |
4,1% |
CM-CIC Long short Europe |
-3,4% |
2,5% |
Evolio Action Monde |
25% |
4,5% |
Nous pensons donc qu’investir dans des portefeuilles diversifiés/mixtes est une idée pertinente dans l’environnement de 2021 qui se profile.
4. Côté gestion Opportunité, Jean Louis Delhay nous livre sa vision du marché
Quel bilan sur les marchés en 2020 ?
L’annonce de divers vaccins avec un taux d’efficacité élevé en novembre a redonné confiance aux investisseurs et amélioré leur perception de l’avenir. Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et, maintenant, dans l’Union européenne, les campagnes de vaccination débutent. La signature par Donald Trump d’un nouveau plan de relance de l’économie américaine et l’accord sur le Brexit, qui reste toutefois à ratifier par le Parlement européen et britannique sont des facteurs de soutien supplémentaires.
Les marchés actions, qui anticipent, ont rattrapé, au cours des derniers mois, une bonne partie du terrain perdu. Par exemple l’indice EURO STOXX 50 a repris 44,8 % depuis son point bas de mars (le 19 mars 2020) et 20,1 % depuis le creux de fin octobre (le 31 octobre 2020).
Au final, les fonds affichent, après une belle année 2019, à nouveau des performances positives en 2020.
2019 |
2020 |
|
CM-CIC CONVICTIONS EURO Part RC |
28,2% |
7,9% |
CM-CIC SMALL & MIDCAP EURO Part RC |
32,7% |
16,4% |
CM-CIC FLEXIBLE EURO Part RC |
15,3% |
2,7% |
Quelles perspectives pour 2021 ?
Malgré l’épidémie malheureusement toujours présente, les investisseurs se projettent à moyen terme en espérant que les perspectives de l’économie mondiale au second semestre 2021 et en 2022 seront bien meilleures. Ils sont d’autant plus confiants que les banques centrales ont soutenu immédiatement l’économie, et sont prêtes à remettre des centaines de milliards dans le système financier si besoin. La mise en place des plans de relance par les Etats dans la plupart des pays développés est aussi favorable. Ces trois éléments expliquent pourquoi les baisses sont de plus en plus courtes en Bourse et pourquoi la plupart des investisseurs tablent, pour la première partie de l’année, sur une poursuite de la hausse des marchés d’actions. Il reste sans doute de la marge pour aller plus haut dans un contexte où taux bas et politique monétaire accommodante des banques centrales tirent les valorisations vers le haut. Il s’agit du scénario central le plus plausible, toutefois il suppose qu’aucun aléa ne vienne le remettre en question. Cet aléa pourrait être une crise sanitaire qui se prolonge sur toute l’année 2021, ou, dans quelques mois, une reprise trop forte de l’économie, qui conduirait les banques centrales à réduire les injections de liquidité. Mais une stratégie d’investissement est toujours le résultat d’un équilibre entre risque et rentabilité. Actuellement, pour ce début d’année, il nous semble que l’espoir d’une hausse supplémentaire doit l’emporter sur la crainte d’une baisse. C’est pourquoi, dans notre allocation d’actifs, pour le fonds CM-CIC FLEXIBLE EURO, l’exposition actions du fonds est de 65% par rapport à une position neutre à 50%.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
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