Très attendue, la décision de la Fed hier soir de remonter ses taux n’a pas eu d’effet de surprise. Elle a toutefois suscité de nombreuses réactions sur la place financière. Comme prévu, la Fed a augmenté son taux directeur, de 25 points de base. Un première depuis 2006 et également la première d’une longue lignée de remontée progressive de ses taux puisqu’il devrait y en avoir 4 au total sur l’année 2016.
Les réactions sur la place financière ne se sont pas fait attendre ; globalement convergentes, certaines voix s’élèvent tout de même afin de mettre en garde les investisseurs.
Le premier élément relevé par les professionnels est la remontée graduelle des taux de la Fed. Selon Stephanie Sutton, directeur Actions américaines chez Fidelity International « la moindre accélération dans ce calendrier risque de provoquer des incertitudes et de la volatilité ». Toutefois, elle précise que cette remontée des taux ne devrait pas avoir d’impact majeur sur l’économie américaine dont les crédits immobiliers sont à 90% des crédits à taux fixe. Seul bémol, les taux de défaillance des prêts étudiants et des crédits automobiles ayant progressés, il existe certes un risque que ces défaillances s’amplifient mais cela « ne constitue pas une réelle menace pour la stabilité financière du pays ».
Ayant anticipée la remontée des taux par la Fed, la Deutshe Bank maintient sa vision stratégique sur le marché action, avec toujours une nette préférence pour les marchés développés européens et japonais plutôt qu’américains.
Dans le même sens, Michael Aflalo, directeur des gestions chez BFT Investment Managers voit d’un bon œil la remontée des taux de la Fed avec un impact positifs sur les actions européennes. « Les données historiques nous renseignent qu’elles ont tendance à progresser modérément l’année qui précède le relèvement des taux par la Fed. Dès que la première hausse des taux américains intervient, leur appréciation s’accélère. En conclusion, nous pensons que la hausse des actions européennes devrait se poursuivre en 2016 ».
Daniel Gerino, Président et Directeur de la gestion de Carlton Sélection reste également favorable au marché action européenne mais croit également au marché action américain. Il demeure en revanche plus réservé en ce qui concerne le marché obligataire car « n’étant plus « téléguidés » par la Fed, les taux longs américains ne devraient progresser que très modérément malgré le relèvement des taux directeurs ». Il appelle également les investisseurs à « faire preuve de prudence sur le compartiment High Yield US ».
Un avis largement partagé par David Ganozzi, gérant allocation d’actifs, chez Fidelity International qui voit également les rendements obligataires « augmenter que progressivement tandis que le marché action restera soutenu par la hausse, seulement très modeste, des profits ».
En ce qui concerne la devise, les professionnels du secteur sont globalement convergents pour déclarer que la perspective de poursuite de remontée des taux de la Fed conduira à une appréciation du dollar au dépend de l’euro.
Michael Aflalo constate également que les pays émergents ont déjà intégré la décision de la Fed puisque le cours de leurs devises a déjà été revu à la baisse par rapport au dollar. « Les arbitrages entre la zone émergente et les Etats-Unis devraient être limités. En effet, près de deux tiers des flux qui avaient convergé sur les marchés émergents en sont déjà sortis ».
Daniel Gerino poursuit en notant qu’ « une hausse trop forte des taux américains engendrerait un renchérissement du coût de la dette de nombreux pays émergents qui est libellée en dollars. Personne, et surtout pas les Etats-Unis, n’a intérêt à mettre à genoux une zone qui pèse 37% du PIB mondial ».
Un bilan globalement positif et convergent pour cette première remontée des taux de la Fed, sans doute aidé par le fait que les opérateurs avaient largement anticipé ce mouvement.
SL/FL