Retrouvez notre interview avec Gérard MAURIN, Dirigeant de la société MESNIL FINANCE.
1. Quel est votre parcours ?
Après des études d’ingénieur, j’ai démarré ma carrière comme gérant de fonds commun de placement au sein du Crédit Agricole en 1990, puis la Commerzbank en 1996.
En 1999, je rejoins le projet Zebank, première banque en ligne. Précurseur de ce que l’on appelle maintenant les Fintech, mais lancé sans doute trop tôt, le projet s’arrête en 2002.
Après une année de réflexion et de voyage, je crée en 2003 ma société de gestion de patrimoine Mesnil Finance.
2. Votre cabinet aujourd’hui ?
Après avoir travaillé dans des grands groupes, j’ai voulu retrouver la souplesse d’une petite structure, et le plaisir de se concentrer uniquement sur son métier. Dix-huit ans après la création de la société, nous sommes toujours trois collaborateurs. Nous nous considérons comme des artisans plus que comme des chefs d’entreprise.
La spécificité de la société vient de mon passé de gérant de fonds. Les clients viennent me voir afin que je les conseille sur les fonds à acheter au sein de leurs portefeuilles. Nous ne déléguons jamais la gestion des portefeuilles à des sociétés extérieures. Nous évitons les produits structurés, trop complexes. Nous proposons une gestion « classique » avec une poche action, une poche obligataire, une poche immobilière (souvent assez importante) et un peu de private-equity.
Nous investissons beaucoup pour fournir des reportings synthétiques et individualisés à chacun de nos clients.
3. Quelles sont les conséquences à votre avis d’une réglementation de plus en plus forte ? Que pensez-vous de la disparition du 3e usage du courtage ?
On entend souvent dire que la réglementation de plus en plus forte, oblige les conseillers financiers à se regrouper. Je ne le pense pas. L’accélération de la digitalisation au cours de ces deux dernières années (actes de gestion en ligne, signature électronique, etc.) a par ailleurs permis de faciliter le suivi réglementaire.
En revanche, il est certain que le coût administratif unitaire par client, ne cesse d’augmenter, avec comme conséquence qu’il est de plus en plus difficile de gérer des « petits » clients.
Quant à la disparition progressive du 3e usage du courtage, je pense que c’est une très bonne chose. Cela offre plus de liberté de choix aux clients. Tout ce qui améliore l’offre pour les clients, est bon pour notre métier. Si le conseiller financier s’occupe bien de son client, et reste proche de lui, il n’y a pas de raison que le client veuille changer de conseil.
4. Quels sont vos partenaires privilégiés ?
En France, nous travaillons essentiellement avec les assureurs APICIL et CARDIF. Au Luxembourg avec Lombard International et Wealins. En terme de produits, il est difficile de donner des noms. Évidemment nous développons des relations fortes avec certaines sociétés de gestion, mais nous essayons de garder un maximum de recul. Quand j’étais gérant de portefeuille, mes managers me disaient souvent qu’il ne fallait pas « tomber amoureux » des titres que j’avais en portefeuille. Indépendamment de l’amitié, et du plaisir que j’ai à travailler avec certains gérants, j’essaye toujours de garder cette même philosophie.
5. Que pensez-vous de la concentration actuelle sur le marché de la gestion de patrimoine et de l’arrivée des fonds d’investissement ?
Je pense que le marché est en train de se scinder en deux. Avec d’un côté des structures de taille de plus en plus importante, et de l’autre des conseillers financiers qui veulent rester des artisans. L’émergence et le succès du métier de conseiller en gestion de patrimoine indépendant reposent sur trois grands principes : proximité avec les clients, indépendance dans le choix des produits et individualisation du service.
Trois grands principes que les banques privées n’ont jamais vraiment réussi à offrir. Et j’ai peur que ces grosses structures de gestion de patrimoine, poussées par des fonds d’investissement dont le seul but est de croître, pour revendre leur participation, plus chère qu’ils ne l’ont acheté, retombent dans ces mêmes travers.
6. Vos principaux projets/principales ambitions à un an et cinq ans ?
Comme vous l’avez compris, nous voulons rester des artisans, proches de nos clients. Nous n’avons pas d’ambition particulière, si ce n’est, nous améliorer toujours dans nos processus et dans nos outils. La société se développe naturellement, avec un chiffre d’affaires qui croit de 10% à 15% par an. Nous n’avons jamais fait de croissance externe, et nous n’envisageons pas d’en faire.
À titre personnel, je commence à avoir envie de transmettre mon savoir-faire et mon expérience à une jeune génération.
Enfin depuis presque 15 ans maintenant, je fais partie de La Boétie Patrimoine, un groupement de conseillers financiers qui m’a énormément apporté. J’espère avoir un peu plus de temps pour m’impliquer plus fortement dans la vie de ce groupement.
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