Les prêts au secteur privé nécessaires à la transition énergétique pourraient atteindre 2 000 milliards de dollars par an sur la période 2021-2030.
Points clés
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Les organismes publics et privés doivent coopérer pour réaliser la transition énergétique
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Le risque climatique constitue un défi pour les banques et autres prêteurs au secteur privé
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Mais cela pourrait également offrir une formidable opportunité économique
Que s'est-il passé ?
De récentes estimations1 de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) suggèrent que dans son « Scénario à 1,5 °C »2, le total des besoins de financement mondiaux pour la transition énergétique pourrait atteindre 5 700 milliards de dollars par an sur la période 2021-2030, dont près de 2 000 milliards de dollars proviendraient de prêteurs du secteur privé (voir graphique 1).
Graphique 1 : Investissement annuel moyen total par source et type de financement (2019, 2021-2030 et 2031-2050)
Source : IRENA, juin 2021, rapport « World Energy Transitions Outlook: 1.5°C Pathway » (Perspectives pour les transitions énergétiques mondiales : Trajectoire vers l'objectif de 1,5 °C). En milliards de dollars.
Au-delà de 2030, les besoins de financement pourraient atteindre 3 700 milliards de dollars par an entre 2031 et 2050, dont plus de 1 000 milliards de dollars proviendraient de prêteurs du secteur privé. Ces chiffres mettent en évidence la vaste opportunité de financement que la transition vers l'énergie verte représente pour le secteur bancaire, en particulier au cours de la prochaine décennie.
Même dans son « Scénario énergétique programmé » moins optimiste, qui se fonde sur les plans énergétiques actuels des gouvernements et sur d'autres objectifs et politiques planifiés, l'IRENA estime que le montant annuel atteint tout de même 3 500 milliards de dollars entre 2021 et 2030, dont plus de 740 milliards de dollars devraient provenir de prêteurs du secteur privé.
Pourquoi est-ce important ?
La réalisation de la neutralité carbone et la limitation du risque climatique nécessitent un financement colossal, tant de la part des prêteurs des secteurs public et privé que des investisseurs. Les estimations du coût de l'objectif zéro carbone varient entre 100 000 et 150 000 milliards de dollars sur les trois prochaines décennies. Les récentes projections de l'IRENA se situent dans cette fourchette, avec un besoin de financement attendu de 131 milliards de dollars entre 2021 et 2050.
Dans ce contexte, les banques commerciales et autres institutions financières du secteur privé peuvent jouer un rôle fondamental pour favoriser cette transition. Celles-ci peuvent en effet avoir un impact à la fois par le biais de leurs propres mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de leurs pratiques de prêt. Financer la révolution des énergies renouvelables est un moyen, aider les entreprises des services aux collectivités dépendantes des énergies fossiles à se restructurer en est un autre.
De nombreuses banques à travers le monde ont déjà pris des mesures pour aligner leurs portefeuilles de prêts et d'investissements sur un objectif de zéro émission nette d'ici 2050. Par exemple, la Net-Zero Banking Alliance – une organisation dirigée par le secteur et mandatée par les Nations Unies, lancée en avril 2021 – rassemble 95 banques de 39 pays, représentant 66 000 milliards de dollars d'actifs, soit plus de 43 % de l'ensemble des actifs bancaires mondiaux.
Quelles conséquences pour les investisseurs ?
La transition vers une économie bas carbone constitue clairement un défi de taille pour les banques commerciales et autres prêteurs au secteur privé, de même que pour leurs actionnaires. Pour certaines banques dont le portefeuille de prêts est très exposé aux industries à forte intensité carbone, comme le pétrole et le gaz, les transports ou l'industrie manufacturière, la transition sera probablement douloureuse.
Mais cela pourrait également offrir une formidable opportunité économique. Le suivi de ces risques et opportunités au fur et à mesure qu'ils se présentent est devenu un élément clé de notre stratégie d'investissement en actions New World Financials, notamment par le biais de notre processus d'intégration des critères ESG et de nos engagements actifs. La transition climatique du secteur financier fait partie de nos nouveaux thèmes d'engagement.
1 IRENA, juin 2021, rapport « World Energy Transitions Outlook: 1.5°C Pathway » (Perspectives pour les transitions énergétiques mondiales : Trajectoire vers l'objectif de 1,5 °C).
2 Le « Scénario à 1,5°C » de l'IRENA est basé sur une trajectoire de transition énergétique alignée sur l'ambition climatique de 1,5 °C de l'Accord de Paris de 2015 sur le changement climatique. L'objectif vise à limiter l'augmentation de la température moyenne mondiale d'ici la fin du siècle à 1,5 °Celsius, par rapport aux niveaux préindustriels.
Par Patrick Lemmens, Portfolio Manager, Robeco
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