Le métavers ouvre un nouvel univers d’opportunités d’investissement dans les médias sociaux, l'e-commerce, l’enseignement à distance et le télétravail.
Vous avez envie d’aller courir avec un vieil ami le long de la Seine par une belle journée d’été? Nous sommes peut-être en plein hiver et ni vous ni lui ne vivez à Paris, mais qu’à cela ne tienne. Bienvenue dans le métavers – le nouveau phénomène en vogue du monde numérique. Le métavers, c’est l’endroit où les mondes physique et numérique se rejoignent grâce à la réalité virtuelle et la réalité augmentée (RV et RA). C’est un lieu qui procure un sentiment d’instantanéité et d’immersion, un environnement virtuel partagé qui, selon nous, viendra remplacer l’Internet 3.0 dans les cinq à dix prochaines années.
Ainsi, alors que la dernière décennie était celle de la numérisation, la prochaine pourrait être celle du métavers. Le concept gagne particulièrement en popularité au sein de la Génération Z, celle des personnes nées entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, qui compte désormais pour un tiers de la population mondiale. Véritables natifs du numérique, ces jeunes sont déjà plus qu’à l’aise avec les environnements virtuels grâce au streaming numérique, aux plateformes de réseaux sociaux (y compris Instagram et Snapchat) et aux jeux vidéos, comme Fortnite et Roblox, où ils peuvent imaginer et créer leurs propres avatars.
Selon une étude de Bloomberg, la taille du marché mondial du métavers pourrait atteindre environ 800 milliards de dollars d’ici au milieu de cette décennie (Fig. 1). Cela représente une formidable opportunité pour le secteur du numérique et pour ceux qui y investissent, au point qu’elle a même poussé la société mère de Facebook à se renommer «Meta». Sa vision du métavers de demain comprend des avatars numériques, des lunettes de réalité virtuelle et des expériences immersives dans les réseaux sociaux, les jeux et le sport, avec des opportunités de monétisation supplémentaires grâce à l'e-commerce.
Cependant, le métavers ne se construira certainement pas sur le principe d’un gagnant unique qui «emporte la mise». Personne ne pourra en effet y arriver seul. De nombreuses autres grandes entreprises, dont Google, Microsoft et Apple, cherchent également à améliorer leur offre de produits. La NFL (la ligue de football nord-américaine) a ouvert un magasin virtuel dans l’univers Roblox, tandis qu’Adobe travaille sur un nouvel outil de design permettant de créer des objets 3D personnalisés dans le monde virtuel.
Interopérabilité
Dans l’ensemble, nous comptons quatre domaines clés qui sont nécessaires pour accéder au métavers et qui présentent un fort potentiel futur de croissance et de développement:
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Le matériel: Les casques et les lunettes de réalité virtuelle nous plongent dans un environnement numérique en trois dimensions. Parallèlement, les smartphones nous permettent d’accéder à la réalité augmentée, où des graphismes numériques se superposent à la réalité. Les lunettes et les écouteurs de RA intelligents, quant à eux, peuvent nous connecter au métavers à l’aide de capteurs, même s’ils sont moins avancés que les casques de RV, en raison de la complexité de la technologie optique requise.
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Les logiciels: Grâce aux applications logicielles, le monde virtuel couvre tous les aspects de la vie humaine, y compris la vie sociale, le commerce, l’éducation et le travail, et cela de n’importe où. Les jeux et les divertissements en ligne offrent aujourd’hui la meilleure expérience dans le métavers grâce à des jeux comme les univers virtuels de Fortnite. De plus en plus souvent, il est possible de jouer, construire, posséder et monétiser l’expérience virtuelle grâce aux monnaies de jeu et aux biens, à l’art et à l’immobilier virtuels, etc.
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Le cloud: Nous avons besoin d’ordinateurs de plus en plus puissants (qui s’appuient sur des semi-conducteurs de plus en plus avancés) pour faire fonctionner les logiciels nécessaires pour entrer dans le métavers. Les centres de données sont également essentiels et les plus grands fournisseurs dans ce domaine sont également bien placés pour profiter des progrès technologiques dans le métavers.
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Infrastructure: L’amélioration du fonctionnement de nos réseaux, l’augmentation de la bande passante et la baisse des temps de latence renforceront la fiabilité du métavers et, surtout, son interopérabilité. L’interopérabilité exige que les entreprises ouvrent leurs plateformes à des groupes comme Meta, Microsoft ou Apple, plutôt que de faire le choix d’une série de silos cloisonnés.
Coup de pouce de la pandémie
Même si la technologie de RV n’a, dans un premier temps, pas tenu ses promesses, la pandémie de Covid a donné un nouveau souffle au métavers. Comme quelque 3,9 milliards de personnes ont été contraintes de rester chez elles, les relations sociales, les divertissements, le commerce, le travail et l’exercice physique sont passés au numérique presque du jour au lendemain. Cette situation a coïncidé avec l’arrivée de nouveaux progrès technologiques. La réalité virtuelle et la réalité augmentée ont permis aux personnes de rester connectées, en utilisant la technologie pour profiter d’un plus grand sentiment d’instantanéité et d’immersion que si elles avaient seulement consulté un site Internet ou communiqué à l’aide d’un smartphone.
Prévisions du marché RV/RA par secteur, en milliards d’USD
Source: Citi Research. Données de juin 2020.
À l’échelle mondiale, les dépenses consacrées aux casques de RV et de RA ont augmenté d’environ un quart en 2020, pour atteindre quelque 12 milliards de dollars1 et cela ne fait que commencer. Les estimations du secteur tablent sur une hausse du taux de croissance annuel composé (TCAC) de cette technologie à 40-50% entre 2020 et 2025, selon Citi Research.
L'e-commerce devrait ainsi considérablement en bénéficier. Le secteur de la distribution consacre déjà plus d’un milliard de dollars par an aux solutions de RV et RA, et les dépenses ont augmenté de 240% par an, selon la VR/AR Association.
L’attrait des technologies de RV et RA pour le secteur de la distribution est lié à leur capacité à rendre plus réels les produits sur un écran avec des images qu’il est possible de faire pivoter, d’agrandir et de découvrir de manière interactive. Les distributeurs traditionnels, à l’image de Macy’s et Adidas, sont de plus en plus nombreux à explorer les possibilités des cabines d’essayage virtuelles. D’autres options comprennent des essais de voiture virtuels et des visites virtuelles d’hébergements de vacances.
À l’autre bout du spectre, le métavers fait émerger de nouveaux types de produits non tangibles qui n’ont de valeur que dans le monde numérique. Les plus populaires sont les jetons non fongibles (NFT), des actifs numériques pouvant inclure des photos, des vidéos et de l’audio.
L’amélioration de l’infrastructure numérique est cruciale pour faire véritablement décoller tout ce secteur. La technologie exige davantage de bande passante (la quantité de données qui peuvent être transmises sur une unité de temps), des temps de latence faibles et une grande fiabilité. L’augmentation de la demande pour des dispositifs liés au métavers pourrait encourager l’innovation et l’investissement dans ce domaine.
Le plus grand défi sera l’interopérabilité: la possibilité de passer facilement d’un monde à l’autre et de conserver la même identité virtuelle, quel que soit le monde dans lequel nous nous trouvons. Les jeux multiplateformes entre consoles et PC fonctionnent déjà et prouvent la faisabilité de ce concept.
Nous sommes convaincus que tout cet univers offre un large éventail d’opportunités d’investissement numérique. Les secteurs tels que l'e-commerce, les jeux vidéos, les réseaux sociaux, la santé et le sport numériques, l’éducation en ligne, les divertissements en ligne et les plateformes de travail devraient bénéficier de l’expansion du métavers et améliorer la monétisation grâce à des taux de rétention supérieurs, à une meilleure expérience utilisateur et à la fidélité des clients.
La numérisation de notre monde semble n’en être qu’à ses débuts. En investissant dans le métavers, nous pouvons prendre part à cette transformation.
Source 1er graphique : Bloomberg. Données de décembre 2021.
Par Sylvie Sejournet, Senior Investment Manager, et Anjali Bastianpillai, Senior Product Specialist.
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