Le mouvement de balancier en direction des émergents s’est confirmé en avril : selon les chiffres publiés par Lyxor pour le marché européen, sur les quelque 4.000 milliards d’euros de collecte nette des ETF obligataires, près d’un tiers (1.219 milliards) s’est porté sur de la dette émergente.
Coté actions, le mouvement est encore plus tranché : alors que sur cette classe d’actifs on constate 1.870 milliards d’euros de dégagements nets en avril, 2 segments gardent la tête hors de l’eau, les actions américaines mais surtout les actions émergentes.
Alors les émergents sont-ils en train de signer leur grand retour dans les allocations ? Ce ne serait que raison. D’une part parce que toute période de purgatoire finit toujours par toucher à sa fin. Et aussi parce que les investisseurs ont du mal à rester calmes sur les marchés développés.
Rappelons que les pays émergents regroupent 85% de la population mondiale et représentent 50% du PIB de la planète. Mais ils comptent pour 35% seulement de la capitalisation boursière mondiale et moins de moins de 20% de l’indice MSCI World.
Le mouvement de balancier n’est que justice. Car depuis la crise de 2008 ces marchés émergents ont acquis un statut nouveau. La crise a en effet remis en cause certaines hiérarchies : alors que les Govies étaient jusqu’alors considérés comme plus « secure » que les Corporte, on a vu les CDS sur Portugal Telecom moins coûteux que celui sur la dette portugaise.
Deuxième hiérarchie battue en brèche : Développés versus Emergents. Il n’est plus possible de continuer à penser que les pays émergents seraient les contrées manufacturières d’une économie mondiale dont l’ingénierie serait fournie par les seuls pays développés.
Ce serait méconnaitre les hélicoptères brésiliens, la pharmacie indienne, le fait que des groupes chinois aient mis la main sur les micro-ordinateurs d’IBM et le Club Med…
Alors oui, les marchés émergents sont volatiles, ils manquent souvent de transparence, la gouvernance y est moins prononcée et le cadre juridique plus élastique. Ils ont de vraies faiblesses, mais dans la course mondiale les pays développés risquent au cours des années à venir de rester englués dans leur propres difficultés : endettement, déclin démographique, cohésion politique interne, gestion de la fin de l’Etat providence…
C’est pour aborder ces différents aspects que s’ouvre aujourd’hui notre série Marchés Emergents.
FL/EF