Comme dans une tragédie antique, le pays est talonné par un destin implacable. Y a-t-il un risque de contagion ?
Nouveau round de négociations sur le dossier grec, nouveau suspens entre des autorités communautaires d’une part qui ne souhaitent pas créer un précédent de nature à laisser d’autres pays de s’engouffrer dans la brèche, et un pays quasi exsangue dont les réformes peinent à porter leurs fruits.
Mais les uns comme les autres finiront par s’entendre au finish, l’issue est à peu près connue. Du côté européen parce qu’il est inconcevable de lâcher la Grèce, tant pour des raisons humanitaires que pour des raisons idéologiques (difficile d’imaginer qu’un membre de la zone euro coule en mer, c’est le projet même qui prendrait l’eau). Et aussi parce que cela ouvriraient la porte sur l’inconnu, avec un pays européen qui risquerait purement ou simplement de trouver un nouveau bailleur de fonds en la personne ou de la Chine ou de la Russie. Et puis, les plus anciens d’entre nous ne souhaitent pas voir resurgir le régime des Colonels…
Du coté grec, on ne souhaite vraisemblablement pas non plus s’engager en terres inconnues. Pour dures que soient les autorités européennes, on sait qu’un autre Maître pourrait être bien pire.
Mais au-delà de la Grèce se pose déjà la question de savoir qui sera le prochain sur la liste… L’Europe du Sud ne manque pas de candidat avec l’Italien, l’Espagne, le Portugal. Et la France ? Si l’Hexagone reste pour le moment un pays du Nord, peut-on imaginer un basculement ?
Pour l’heure, on voit les taux français qui continuent à s’écarter des taux allemands avec un spread de 80 points de base entre le 10 ans français et le 10 ans allemand. Bien sûr, cette dégradation de crédit français est mise sur le compte des élections présidentielles : les opérateurs de marché seraient inquiets à la perspective d’un succès de Marine Le Pen ou de Benoit Hamon. Dans le premier cas, cela signifie le risque de voir la France sortir de la zone euro, dans le second cas de voir les déficits se creuser encore plus fortement.
Mais cette explication n’en cache-t-elle pas une autre ? Car l’écartement de rémunération entre la France et l’Allemagne est à l’image des balances commerciales des 2 pays. Tandis que le premier accuse un déficit commercial de 48 milliards d’euros en 2016, le second enregistre un excédent de 252 milliards… Si on devait utiliser ce seul ratio, à combien devrait s’établir la prime de risque sur la dette française ?