Patron des strategies actions européennes chez Franklin Templeton, Dylan Ball se montre positif sur la zone; sans sous-estimer les facteurs de risque.
Les actions européennes peuvent-elles devenir aussi chères que les actions américaines?
Actuellement, les actions européennes se traitent en moyenne à 19 fois les bénéfices normalisés, contre 30 fois pour les actions américaines. Les marchés européens peuvent surperformer les États-Unis (comme en 2006-2008 et 1992-1994), mais certaines conditions doivent être réunies.
Les actions européennes affichent en général de meilleurs résultats quand la croissance mondiale est en hausse, mais elles exigent également une inflation et des taux d'intérêt à la hausse. Ceci est dû à une plus grande proportion de valeurs financières, d'énergie, de matériaux et de matières premières qui sont corrélées positivement avec l'inflation et les rendements obligataires. Ainsi, l'environnement actuel de croissance sans inflation ne milite pas en faveur d’actions européennes aussi chères que les actions américaines… mais avec un soupçon d'inflation cela pourrait changer.
La disruption, thème d'investissement ou gimmick marketing?
La disruption est certainement un thème d'investissement à part entière.
Mais il est difficile d'essayer d’en tirer profit à court terme ; en fin de compte, identifier le vainqueur est plus difficile qu'il n'y paraît.
Par exemple, lorsque Henry Ford lança son modèle T en 1927, il y avait plus de 3.000 constructeurs automobiles, et la majorité d’entre eux avaient disparu dix ans plus tard : cela a amené Warren Buffet à dire qu'il est plus rentable de court-circuiter les perdants, en l'occurrence les chevaux, que de choisir les gagnants lorsqu’une nouvelle technologie révolutionne un secteur.
La question de l'éclatement de la zone euro ne semble plus être à l'ordre du jour, mais est-elle réglée?
Nous pensons que les élections italiennes sont le seul obstacle politique important qui subsiste dans l'UE à court terme. Le risque politique en 2018 a considérablement reflué et la menace d'une rupture de l'euro semble désormais lointaine.
Les risques qui pèsent sur l'euro sont désormais de nature budgétaire : avec la sortie du Royaume Uni de l'Union, le déficit annuel estimé à 10 milliards d'euros que le pays laisse derrière lui signifie que de nombreux budgets de la zone euro doivent être réévalués. Les pays bénéficiaires nets, notamment en Europe de l'Est, semblent devoir en souffrir davantage et cela pourrait en soi constituer un gisement de discours anti-UE.