Dans le calendrier chinois, l'année 2019 est celle du cochon (de terre). Dans la symbolique zodiacale de l'Empire du milieu, ce porcidé représente normalement la fortune, l'abondance mais aussi une certaine forme de légèreté caractérisant la clôture du cycle complet des douze signes chinois.
De là à décréter la fin d'un certain cycle économique chinois ou global, il n'y a qu'un pas que les plus pessimistes ou les plus confucéens auront déjà franchi dès le deuxième trimestre 2018. Il est en effet de plus en plus fréquent d'avoir des statistiques chinoises en demi-teinte (ISM manufacturier...). Les attaques protectionnistes de Donald Trump auront donc finalement fait leur effet insidieusement aux confins de l'esprit du consommateur chinois.
Jean de la Fontaine, célèbre écrivain satirique français, avait dans une de ses fables (le Cochon, la Chèvre et le Mouton) mis en scène ce suidé reprenant en partie une précédente fable du poète grec Esope.
La fable relate l'histoire d'un fermier conduisant ses trois animaux pour les vendre à l'abattoir. Seul le cochon se plaint de manière véhémente de ce trajet mortuaire. Dans sa discussion avec celui qui l'emmène à l'échafaud, il est conscient qu'à l'inverse de la Chèvre, dont on peut prélever le lait, et du Mouton, dont on peut tailler la laine, qu'il ne peut être utilisé (et occis) que pour sa viande.
Les deux autres animaux, confiants de leurs atouts et d'un destin apparemment plus "mercantile", demeurent, quant à eux, silencieux dans la carriole. Après moult grognements, son bourreau lui rétorque en cette façon que quand le mal est certain, la plainte ni la peur ne changent le destin ; appliqués aux marchés financiers, ces préceptes pourraient donner un certain éclairage sur l'année 2019.
Cette dernière pourrait donc sonner le glas de certaines certitudes passées sur le cycle économique, sur le rôle des banques centrales et sur le nécessaire réajustement de création et de distribution de la valeur créée par le travail et par le capital. Il ne faudrait pas non plus conclure trop promptement que les investisseurs auront comme sort inéluctable celui de notre bien aimé cochon. Mais avouons tout de même que certains risques paraissent encore bien présents dans leur esprit.
Igor de Maack est gérant et porte-parole de la gestion chez DNCA.