Xi Jinping a annoncé la baisse de l’objectif de croissance chinoise, de précédemment 6,5% à « entre 6 et 6,5% ». La Chine semble décélérer inexorablement. Faut-il s’en inquiéter ? Nous ne le pensons pas.
Le gouvernement chinois accepte simplement le destin de toute économie en voie de développement : celui d’une baisse structurelle de la croissance. Passer de l’agriculture à la sidérurgie crée plus rapidement de la valeur ajoutée qu’évoluer de la sidérurgie vers les hautes technologies et les services. De plus, la population chinoise vieillit.
Pour la Chine, la décélération devrait être de l’ordre de 0,2% par an dans les prochaines années, ce qui est proche des annonces du gouvernement. Et il est plutôt rassurant de voir le gouvernement chinois accepter l’inexorable. Un objectif plus élevé pourrait mener à des politiques trop offensives, et dangereuses. Le gouvernement chinois connaît sans doute l’avertissement de Confucius : « Une petite impatience ruine un grand projet ».
Les investisseurs comprennent le principe, mais nombre d’entre eux restent néanmoins inquiets. Au cours des derniers trimestres, l’économie chinoise a décéléré plus rapidement que de 0,2% par an.
Il est vrai que les obstacles sont nombreux. Inquiète de la croissance du crédit, la banque centrale s’est montrée plutôt restrictive en 2017. Et en 2018 l’économie en a souffert. Les négociations commerciales difficiles avec les Etats-Unis inquiètent les entreprises. Le dernier trimestre 2018 pourrait être le pire de la décennie.
Faut-il désespérer ? Non plus !
Depuis plus de 12 mois, le gouvernement met en place des mesures énergiques de relance. L’activité immobilière est déjà repartie en 2018. Les investissements en infrastructures ont repris sous l’impulsion du gouvernement. La baisse récente des réserves obligatoires pour les banques favorisera l’investissement des petites et moyennes entreprises. De multiples mesures fiscales devraient relancer la consommation, notamment les achats de voitures actuellement en berne. Enfin, les volumes de crédit augmentent.
Et si les négociations commerciales avec les Etats-Unis devaient très mal se passer, ce que nous ne croyons pas, le gouvernement a sous le coude des mesures fiscales très énergiques. En 2019, ces dernières pourraient dépasser les 2% du PIB, ce qui paraît suffisant pour contrebalancer de très mauvaises nouvelles du côté diplomatique.
Nous nous attendons donc à un rebond de l’activité chinoise en deuxième partie de 2019
Frédéric Rollin est conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM.