Une crise de plus, qui a déstabilisé les investisseurs comme cela avait déjà été le cas avec les crises précédentes. Mais à la différence de l’explosion de la bulle internet, où les investisseurs ont bien compris qu’ils avaient été happés par un mouvement spéculatif d’une partie de la cote, la crise de 2008 a été l’occasion d’une remise en question bien plus profonde.
Avec 2008, ce sont 2 paradigmes qui ont volé en éclat. Il y a d’une part le schéma Marchés Développés/Marchés Emergents qui ne résiste plus aux faits : on avait l’habitude de penser que les marchés développés étaient par nature « secure » et plus lisibles que les marchés émergents. La crise a montré qu’il n’en était rien, que la signature d’un émergent pouvait être préférée à celle d’un développé. A cet égard on se souvient qu’en 2008 le CDS sur certains govies latino-américains comme la Colombie était moins cher que l’assurance de même échéance sur une signature européenne comme l’Espagne ou le Portugal, sans même parler de la Grèce.
Il s’agit d’une remise en question assez radicale dont on n’a pas fini de mesurer l’ampleur. Autre schéma que 2008 a remis en question : la hiérarchie Govies/Corporate.
On avait jusque-là tendance à penser que par essence une signature publique était plus sûre qu’une signature privée… jusqu’à ce que le CDS sur la dette d’Etat portugaise soit plus cher que le CDS sur Portugal Telecom. Ce qui est assez logique : en cas de faillite de Portugal Telecom il y a quelques actifs que l’on peut espérer valoriser, alors qu’en cas de faillite de l’Etat portugais il y a surtout des dettes… La remise en question de ces 2 schémas, Développés/Emergents, Govies/Corporate, a ouvert véritablement une nouvelle aire dans notre façon de voir le monde.
Il était déjà évident que le centre de gravité de l’économie mondiale se déplaçait vers l’Est depuis 20 ans; aujourd’hui il apparaît clairement que la réorganisation des hiérarchies mondiales ne peut plus être ignorée.
EB/FL