Hervé Thiard, directeur général de Pictet AM, livre son point de vue sur les fonds thématiques.
Avec les fonds thématiques, est-ce qu’on n’assiste pas un peu à un phénomène de mode ?
Ce n’est pas un phénomène de mode : depuis 1995, nous faisons la promotion de la gestion thématique avec 25 milliards d’euros sous encours. L’objectif est de trouver des thèmes d’investissement qui vont traverser les cycles économiques, donc par définition nous sommes à l’opposé d’un phénomène de mode. Les thèmes de la santé, du climat et de la sécurité sont typiquement des enjeux de très long terme.
La construction de portefeuille via des thèmes et non des pays était encore quelque chose d’assez exotique il y a 5 ans ; mais aujourd’hui on constate que l’approche thématique s'intègre naturellement dans la gestion privée.
Du coté des professionnels, mais les particuliers se laissent-ils facilement convaincre ?
Les particuliers sont justement les plus faciles à convaincre puisque ce sont des sujets qui les touchent au quotidien ! Ils comprennent mieux que tout le monde les grands thèmes d’investissement. Il s’agit d’une gestion de bon sens.
Quelles sont selon vous les prochaines thématiques ?
Parmi les grandes tendances qui façonnent notre monde, je citerai le vieillissement de la population, la raréfaction des ressources naturelles, la mondialisation de la production, l’accélération de l'innovation technologique, le désir d’individualisation.
Le thème de la robotique par exemple est soutenu par ces grandes tendances:
· Le vieillissement de la population induit des problèmes de mains d’œuvres (notons que la tendance s’observe déjà en Chine, en Allemagne et au Japon). Les robots vont pallier ce manque et permettre une réindustrialisation des "vieux" pays.
· La nécessité de produire à un moindre coût écologique ; le robot optimise la production avec un coût énergétique plus bas et un taux de défaut très faible. Ainsi en robotisant, on utilise moins de matière première et on améliore l’empreinte énergétique.
· La personnalisation de masse soutient également le thème de la robotisation. De nos jours, les consommateurs exigent une personnalisation accrue des produits sans avoir à payer plus cher ; la robotisation raccourcit les délais et permet de s’adapter à la demande changeante des clients
· La robotisation répond également à la recherche constante de productivité, accélérée par la mondialisation des échanges.
Notre fonds dédié au thème de la robotique, lancé en octobre dernier, a déjà levé 500 millions d’euros…
Enfin, votre avis sur les Fintechs ?
C’est un mot fourre-tout qui mélange des réalités bien différentes : utilisation du big data, les plateformes de prêts, le blockchain ou les roboadvisors. Je peux vous dire que les banques n’ont pas attendu que l'on invente le terme de fintechs pour lancer des applications qui facilitent la vie du client et du banquier. L'innovation technologique abaisse les coûts des services les plus courants et permet de donner toute sa valeur au conseil patrimonial et financier.
Aux Etats-Unis, les roboadvisors ont incité les particuliers passifs à faire gérer une épargne dormante, tant mieux ! En France, en revanche, nous manquons de recul, c'est au client de décider de l'avenir des roboadvisors !
EF/FL