Newsletters Patrimoine24

Faut-il y revenir ? L’avis de Rebecca Braeu, responsable crédit souverain chez Standish, BNY Mellon.

Avant la crise financière et celle des dettes souveraines, et à quelques exceptions près, la carte de la zone euro se divisait entre les pays dits « cœur » au Nord (notamment les Pays-Bas et l’Allemagne) et ceux qualifiés de « périphériques » au Sud (l’Espagne, le Portugal et l’Italie). Entre ces deux pôles, plusieurs pays que l’on pourrait définir comme « quasi-cœur » émaillaient toute la région, parmi lesquels la France et la Belgique.

La réalité du paysage économique était toutefois la suivante :

• « Cœur» : des économies bénéficiant d’une forte compétitivité et de larges excédents courants durables

• « Quasi-cœur» : des économies assez compétitives avec des comptes courants à peu près équilibrés

• « Périphériques » : des économies non-compétitives accusant d’importants déficits courants.

[…]

Pendant les quatre années précédant la crise financière mondiale, les pays périphériques ont généré une croissance conforme à celle des pays « cœur » et «quasi-cœur» en gérant d’importants déficits courants. L’Espagne figurait parmi ces pays : elle enregistrait une croissance annuelle moyenne de 3,2 %, tirée par des déficits annuels moyens de sa balance courante de -8,8 %. De même, d'autres économies périphériques - Chypre, Portugal, Grèce, Lettonie - connaissaient toutes des conditions économiques d'avant-crise similaires à celles de l'Espagne.

[…]

Depuis la crise, la balance courante annuelle moyenne de l'Espagne a augmenté de 10,4% , et le pays n’a accusé qu’une légère baisse de sa croissance annuelle (-0,5 %) au cours des quatre dernières années, période pendant laquelle la zone euro a renoué avec une croissance positive.

|…]

D'un point de vue purement économique, l’Espagne présente toutes les caractéristiques d’un pays « quasi-cœur». Le FMI estime que la croissance potentielle de l'Espagne s'est améliorée, passant de 0 % en 2014 à 1,5 % cette année. Son rythme de croissance attendu se situe aujourd’hui à 2,5 %. Bien que cela soit dû en partie à des facteurs cycliques, les réformes structurelles mises en place à partir de 2009 ont largement contribué aux gains de compétitivité réalisés par l’Espagne et à une croissance potentielle plus élevée.

Élément encore plus signifiant, l’Espagne retrouve grâce aux yeux des investisseurs en 2018. L’agence S&P a confirmé les perspectives positives du pays en relevant vendredi dernier la note de crédit de l’Espagne de BBB+ à A-, emboîtant ainsi le pas à l’agence Fitch qui avait pris la même décision en janvier. Pour les marchés, la dette espagnole tombe désormais dans la catégorie « A ».