L’intérêt grandissant pour la biodiversité est indéniable. Cette prise de conscience est en partie due à l'importance cruciale que joue la biodiversité dans le maintien de la stabilité écologique, économique et sociale. Cependant, mesurer son impact réel constitue un défi majeur.
La complexité de la biodiversité : un enjeu de taille pour les gestionnaires de fonds
Contrairement aux émissions de carbone ayant des externalités aisément quantifiables (à travers la mesure de CO2 émis par exemple), la biodiversité est un concept plus vaste et complexe, difficile à capturer avec des indicateurs simples. Cette complexité se reflète dans la diversité des acteurs impliqués, que ce soit ceux qui dépendent directement de la biodiversité pour leurs activités, comme les industries pharmaceutiques et agricoles, ou ceux dont les actions affectent significativement les écosystèmes, tels que les exploitants miniers ou les entreprises de construction.
L’enjeu de la mesure de la biodiversité réside en outre dans la nature même de ses interactions et interconnexions avec les systèmes naturels et économiques. Elle englobe une variété de formes de vie et de processus écologiques qui ne se laissent pas aisément quantifier. Cette diversité biologique, vitale pour le fonctionnement des écosystèmes, échappe à des métriques standardisées, rendant difficile pour les gestionnaires de fonds et les entreprises de prouver l’impact positif de leurs investissements en matière de biodiversité.
Biodiversité et responsabilité : vers un engagement concret des entreprises et investisseurs
Difficulté supplémentaire : les acteurs qui impactent la biodiversité et ceux qui en dépendent sont souvent différents. Par exemple, une entreprise qui exploite des ressources naturelles dans une région sensible peut causer des dommages écologiques sans en ressentir directement les conséquences, tandis que les industries qui dépendent de la diversité biologique pour leurs matières premières peuvent voir leurs ressources se raréfier.
L'engagement des entreprises et des investisseurs est donc crucial pour aborder ces défis, notamment grâce à un dialogue continu et constructif entre les entreprises et leurs parties prenantes. Ce dialogue permet non seulement de sensibiliser aux enjeux de la biodiversité mais aussi d’identifier des actions concrètes pour la protéger. L'engagement ne doit pas se limiter à des déclarations d'intention ; il doit se traduire par des actions tangibles et mesurables. Les entreprises doivent être encouragées à intégrer des pratiques durables dans leur modèle d'affaires, non seulement par la pression des investisseurs, mais aussi par une réglementation rigoureuse.
Les points à surveiller incluent la transparence des entreprises sur leurs impacts environnementaux, la mise en place de stratégies de gestion des risques liés à la biodiversité et l'engagement actif dans des initiatives de conservation. Les entreprises doivent être tenues responsables de leurs impacts environnementaux, et les investisseurs doivent utiliser leur influence pour encourager des pratiques de gestion durable.
Gestion de l'Eau et Biodiversité : un modèle d'engagement durable
Un bon exemple d'engagement peut être observé dans le secteur des services d'eau, qui additionne plusieurs problématiques. S’il est, d’un côté, crucial d’assurer la fourniture continue d'eau pour garantir la résilience des systèmes socio-économiques, il faut également s’intéresser à la dépendance de écosystèmes à l'approvisionnement en eau propre.
Les entreprises sont donc gardiennes du système. Elles doivent mettre l'accent sur les régions qu'elles desservent et dont elles dépendent. L’exemple de Severn Trent, une entreprise opérant dans l'Angleterre centrale, illustre parfaitement cet engagement. Fournissant des services d'approvisionnement en eau et de gestion des eaux usées à 4,5 millions de foyers, l'entreprise a développé plusieurs voies d'adaptation en anticipant les progrès technologiques futurs et les moments décisifs. Elle a également mis en avant l'intégration de la biodiversité dans ses stratégies. Renforcer la résilience des écosystèmes est devenu une priorité, avec des initiatives en cours telles que la restauration stratégique des tourbières et la réduction des pesticides grâce à des collaborations avec les agriculteurs.
Au total, la biodiversité devient une question de plus en plus centrale dans les discussions sur la durabilité et la gestion des investissements. Intégrer la biodiversité dans les processus décisionnels est essentiel pour garantir la résilience des écosystèmes et la stabilité économique à long terme. L'engagement actif des entreprises, soutenu par des réglementations rigoureuses et une pression constante des investisseurs, est indispensable pour protéger cette richesse naturelle précieuse.
Par Oshadee Siyaguna, analyste Senior Investissements thématiques chez Regnan
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