Le calendrier électoral est assez chargé cette année en Asie. Il concerne des pays très peuplés (Inde, Indonésie) et un pays politiquement très sensible (Taïwan). Et par ailleurs, l’élection présidentielle américaine ne sera pas anodine dans le contexte actuel tendu avec la Chine. Quelle grille de lecture adopter sur cette séquence électorale, quels sont les principaux enjeux ?
TAÏWAN
ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE LE 13 JANVIER
C’est l’un des événements importants de ce début d’année. La relation entre Taïwan et la Chine est un point très sensible de la géopolitique mondiale, dans le contexte de rivalité entre la Chine et les États-Unis, l’un des alliés les plus importants de Taïwan.
La présidente sortante, Tsai Ing-Wen, du parti démocrate progressiste (DPP), a été élue deux fois de suite depuis 2016 et n’est donc plus éligible. Dans son discours du nouvel an, elle a rappelé ce qui est finalement l’un des principaux enjeux de cette campagne : les liens de l’île avec la Chine. Elle a appelé Pékin à maintenir la paix dans la région et a défendu sa ligne politique : « Nous ne provoquerons pas et ne nous soumettrons pas, mais nous gagnerons la confiance de la communauté internationale et approfondirons notre coopération avec nos partenaires démocratiques, afin que nous puissions affronter le monde et la Chine avec confiance et calmement ». Elle a aussi déclaré que la communication avec la Chine était importante, mais que ce serait « un prix trop lourd d’échanger notre souveraineté contre cette communication ». Tsai Ing-Wen a également vanté les politiques qu’elle a mis en oeuvre au cours de ses 8 années au pouvoir, notamment en matière d’attractivité des investissements étrangers, de réduction de la dépendance à l’égard du commerce chinois et de renforcement de la défense nationale.
Elle a donc une ligne très claire sur les relations de son pays avec la Chine, mais qui ne semble pas vraiment compatible avec la vue du Président Xi Jinping. Celui-ci s’est également exprimé le jour du nouvel an : il a réitéré que la Chine a vocation à être unifiée, une référence à l’objectif de Pékin de mettre à terme Taïwan sous son contrôle, par la force si nécessaire. Le président Joe Biden a déclaré à plusieurs reprises que les États-Unis viendraient en aide à l’île autonome si elle était attaquée…
Le candidat du parti de la présidente sortante, le DPP (Democratic Progressive Party) est Monsieur William Lai Ching-te. Il est sur la même ligne que Madame Tsai Ing-Wen sur les relations avec la Chine. Le principal parti d’opposition, le Kuomintang (KMT) est le partenaire de négociation privilégié de Pékin. Son candidat est le maire de Taipei, Monsieur Hou Yu-ih. Il y a un troisième candidat, Monsieur Ko Wen-je, représentant le parti du peuple taïwanais, mais qui semble en retrait actuellement dans les sondages.
Pour l’instant, Monsieur William Lai Ching-te, du DPP est donné gagnant par pratiquement tous les instituts de sondage, avec une avance assez confortable d’environ 5 points en moyenne. Notons toutefois que cette avance s’est réduite depuis l’été dernier : la situation économique plus difficile et la thématique croissante autour de la difficulté des jeunes à trouver un logement ont pesé ces derniers mois. Sa victoire reste cependant probable, ce qui signifie que la ligne actuelle de Taïwan serait maintenue. Restera alors à suivre la réaction de Pékin…
INDONÉSIE
ÉLECTIONS GÉNÉRALES LE 14 FÉVRIER
Les élections générales indonésiennes, troisième plus grande démocratie du monde avec 270 millions d’habitants, auront lieu le 14 février 2024. Joko Widodo, à la tête du pays depuis 2014, ne pourra pas se présenter pour un troisième mandat malgré un taux d’approbation de 86 % en octobre dernier. Néanmoins, le président sortant gardera une influence importante sur le paysage politique et économique du pays.
Gibran Rakabuming Raka, le fils aîné de Joko Widodo, est candidat à la vice-présidence en alliance avec Prabowo Subianto, ministre actuel de la Défense et candidat à la présidence. Selon les derniers sondages, ils sont largement en tête avec 39,3 % des voix. Malgré certaines différences sur le plan idéologique, Prabowo Subianto (nationaliste conservateur) est vu comme un candidat de continuité et devrait, dans l’ensemble, garder la ligne directrice établie par Joko Widodo. Les récentes réformes, telles que l’accent mis sur les industries stratégiques (métaux rares, voitures électriques…) et l’attraction des investissements étrangers, devraient persister au-delà des élections et permettre à l’Indonésie de maintenir une trajectoire de croissance soutenue d’en moyenne 5 % par an.
En deuxième position dans les sondages avec 16,7 % des voix, Anies Baswedan, l’ex-gouverneur de Jakarta, a sélectionné Muhaimin Iskandar, le leader du principal parti islamique d’Indonésie, comme colistier. Vu comme le candidat du changement, Anies Baswedan a déclaré qu’il n’adhérerait pas à certaines politiques établies par le gouvernement actuel.
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Rédigée par Jean-Marie MERCADAL, CEO SYNCICAP AM et Xinghang LI, Managing Director SYNCICAP AM
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