Après une séquence intense mais courte pendant laquelle les risques de récession américaine ont été à nouveau évoqués, plusieurs statistiques économiques au mois d’août ont rassuré les marchés. En Europe les services maintiennent la croissance au-dessus de la ligne de flottaison mais la fragilité de l’activité va probablement obliger la Banque Centrale Européenne à agir plus rapidement que prévu.
Les chiffres de l’emploi américain publiés début août ont provoqué de la nervosité chez les opérateurs. Le spectre de la récession était à nouveau évoqué par certains économistes, qui affirmaient que la Réserve Fédérale avait joué avec le feu en maintenant des taux élevés trop longtemps. Très vite, le marché a été rassuré par une série de chiffres, sur la consommation ou sur l’activité en général. Ces atermoiements ne remettent pas en cause notre scénario d’atterrissage en douceur de l’économie américaine. La publication récente du PIB pour le second trimestre à +3% nous conforte dans cette idée même si nous pensons que les prochains chiffres d’activité seront un peu plus faibles lors des prochains trimestres. Les statistiques d’inflation sont restées modérées, quoique toujours supérieures à l’objectif de 2%.
Cette alerte sur l’économie américaine combinée à des prix sages semble avoir fait prendre conscience à la Réserve Fédérale qu’il ne fallait plus tarder pour agir. Jérôme Powell ne veut pas prendre le risque d’opérer trop tard et de se voir reprocher son inertie. Le cycle de baisse des taux devrait donc débuter en septembre et se poursuivre à un rythme modéré au cours du quatrième trimestre.
En Europe, la croissance est faible et sauvée par des services plus dynamiques. L’industrie reste atone et ne parvient pas à décoller. L’Allemagne est aujourd’hui le point noir du continent européen du fait de son positionnement très industriel. Le rebond du tourisme profite davantage à des pays comme la France, l’Espagne ou l’Italie. L’inflation européenne est restée modérée tout au long de l’été et se rapproche désormais de l’objectif de la Banque Centrale Européenne. La récente modération salariale est à ce titre rassurante. Tout indique donc que l’institution monétaire européenne va poursuivre son cycle de baisse des taux entamé en juillet. Comme aux Etats-Unis nous attendons deux à trois réductions de taux d’ici à la fin de l’année.
L’épisode déjà évoqué de forte volatilité début août s’explique également par l’annonce de hausses de taux au Japon après des décennies de déflation. Le marché actions japonais a perdu 12,4% en une journée et près de 20% en trois jours. Il a quasiment tout rattrapé depuis. La Banque du Japon a fait machine arrière en actant un statu quo prudent.
La croissance chinoise est toujours faible au regard des critères habituels et nécessitera sans doute d’autres interventions budgétaires et monétaires. C’est aujourd’hui l’Inde, avec une activité supérieure à 7%, qui contribue en relatif le plus à la croissance mondiale.
Nous entamons cette rentrée post estivale avec la conviction que la croissance mondiale sera suffisamment solide pour que l’on ne parle plus de récession à court terme et que l’inflation va continuer son chemin de lent déclin. C’est un scénario plutôt favorable aux actifs financiers. Des épisodes extra financiers tels que l’évolution des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient ou l’élection américaine pourront provoquer à nouveau des séquences de volatilité.
Nous avons conservé nos allocations en actions, avec une préférence pour les secteurs de croissance, et en obligations, au travers notamment de nos fonds de portage. Nous restons légèrement sous-pondérés en actifs risqués dans nos mandats modérés et neutres dans nos mandats équilibrés et dynamiques.
Par Emmanuel Auboyneau, Gérant associé
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