Les difficultés conjoncturelles de la France et de l’Allemagne, conjuguées au climat d’incertitude politique dans les deux pays, appellent les investisseurs à la prudence en zone euro au cours des prochains mois. En revanche, le marché américain et certains pays émergents gardent un potentiel d’appréciation certain.
En 2025, la croissance mondiale devrait ressortir autour de 2,5%, soutenue par le dynamisme de l’économie américaine et des pays émergents. Aux Etats-Unis, plusieurs facteurs se conjuguent pour soutenir la croissance. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche devrait conduire la nouvelle administration à augmenter les dépenses budgétaires tout en faisant voter des programmes de baisse d’impôts. En outre, la Fed dispose de marges de manoeuvre pour baisser les taux en cas de nécessité. Enfin, comment ne pas mentionner l’avance prise par les entreprises américaines dans la maîtrise de l’intelligence artificielle (IA) et qui devrait leur permettre de gagner des parts de marché supplémentaires au détriment de leurs homologues étrangères ?
Certains pays émergents (Inde, Brésil, Thaïlande etc.) devraient également être en mesure de tirer leur épingle du jeu grâce des politiques monétaires et budgétaires réactives alors que l’économie chinoise en convalescence continuera de privilégier son marché intérieur dans un contexte difficile pour le commerce international.
En zone euro, les deux principales économies traversent une période difficile ainsi qu’une situation préjudiciable d’incertitude politique. En Allemagne, le modèle de croissance reposant sur l’importation d’énergie bon marché (gaz russe) et l’exportation vers les pays émergents, en particulier la Chine, est aujourd’hui largement grippé. Depuis 2022, les entreprises industrielles allemandes ont été contraintes de répertorier en partie la hausse de leurs coûts de production sur les prix de vente, érodant leur compétitivité. De l’autre côté du Rhin, la France souffre de l’instabilité politique et de l’incapacité des gouvernements successifs à contenir l’augmentation du déficit public.
BCE : vers une accélération du calendrier des baisses de taux ?
Le recul de l’inflation et le ralentissement économique plus marqué que prévu en Europe (recul de l’indice PMI composite en zone euro en novembre) devraient convaincre les membres de la Banque centrale européenne (BCE) d’accélérer le rythme de baisse des taux, dès la réunion du 12 décembre, pour limiter la dégradation de la conjoncture. D’autant que les pressions inflationnistes ont diminué et la cible de 2% fixée par la BCE devrait être atteinte au cours de l’année prochaine. Si les politiques monétaires entre grandes banques centrales restent globalement corrélées, l’écart entre les deux zones justifierait pourtant une politique monétaire plus agressive de la part de la BCE.
Cet environnement difficile pour la zone euro justifie une certaine prudence des investisseurs vis-à-vis des actions européennes au cours des prochains mois. Dans un contexte de regain de la volatilité sur les Bourses mondiales, les marchés américains gardent en revanche un potentiel de hausse certain en 2025. Si Donald Trump arrivait à mettre en oeuvre la totalité de son programme de baisse d’impôts, les BPA (bénéfices par action) des entreprises américaines pourraient grimper de 8-10%. Même en prenant en compte un scénario plus prudent, les marchés américains gardent un potentiel de revalorisation de 4-5%. En outre, les marchés émergents continueront d’offrir un couple rendement-risque particulièrement attractif pour les investisseurs, que ce soit sur les marchés actions mais également obligataires (attrait de la dette émergente).
Enfin, la poursuite du cycle de baisse des taux devrait continuer d’éroder les rendements offerts sur les marchés monétaires. Ce contexte redonne de l’attrait relatif aux marchés obligataires mondiaux, à condition de rester sélectifs et de se concentrer sur les émetteurs les mieux notés.
Par David Taïeb, directeur des investissements en actifs cotés chez Sienna Investment Managers
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