David Ganozzi, gérant d’allocation chez Fidelity, analyse le regain d’intérêt pour les matières premières.
Après le rebond des actions la semaine précédente, celui des matières premières confirme désormais le retour progressif de l’appétit pour le risque chez les investisseurs.
Quoi de plus logique après la période d’aversion de mars... Mais alors que cet épisode avait pour toile de fond les vicissitudes diplomatiques et admonestations protectionnistes du président américain, ce sont ces mêmes raisons qui alimentent aujourd’hui l’actuelle appréciation des matières premières.
Les tensions géopolitiques en général et les sanctions américaines contre l’aluminium russe en particulier, ont en effet tiré à la hausse le prix des métaux de base. Le nickel et l’aluminium ont ainsi bondi de respectivement près de 10 % et 5 % sur la semaine.
Par effet de contagion, l’acier s’est apprécié de 4,5 %. Le même constat prévaut aussi pour les cours du pétrole. Le Brent comme le WTI ont chacun touché des plus hauts de trois ans et demi à respectivement 74, 75 dollars et 69, 51 dollars. Ce nouveau flirt des investisseurs pour une classe d’actifs délaissée depuis un certain temps remet en exergue ses qualités intrinsèques et notamment leur aspect diversifiant.
Métaux de base ou précieux, matières premières agricoles ou industrielles, ce compartiment offre une palette d’exposition à la croissance économique dans son ensemble. Dans le climat d’incertitudes qu’entretient – consciemment ou pas – Donald Trump, il peut par ailleurs profiter d’un second moteur d’appréciation.
Enfin, le cas échéant, l’or est de nature à jouer son rôle d’actif refuge, comme les obligations les mieux notées. Autant dire que cette idylle est vraiment de circonstance tant le contexte actuel semble pavé de contingences. Et il y a tout lieu de penser que cet environnement perdure jusqu’à la fin du mandat présidentiel américain. Confirmant donc un regain d’intérêt pour le risque, ce biais sur les matières premières fait également évoluer les anticipations en matière d’inflation ce qui se traduit par une tension du rendement des emprunts d’États.