En 2005, Mervyn King soulignait la forte ressemblance entre l’évolution des politiques monétaires et les deux buts marqués par Maradona contre l’Angleterre lors de la Coupe du monde de 1986, rappelle Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM. Celle de 2018 approche, et la Fed va bientôt se réunir, c’est donc le moment de vérifier si l’analogie est toujours d’actualité.
Selon Mervyn King, alors gouverneur de la banque centrale britannique, le premier but de Maradona, «la main de dieu», était typique de l’ancienne approche de la politique monétaire: inattendue et inconstante, à l’écart des règles. Et les résultats aussi étaient incertains. Maradona a eu de la chance que son but soit validé. Les resserrements brutaux opérés par la Fed en 1987 et en 1994 n’ont pas reçu le même assentiment.
Le second but, de son côté, constitue une parfaite illustration d’un outil essentiel de la politique monétaire moderne: la gestion des anticipations.
Maradona a parcouru 60 mètres, dépassant cinq joueurs anglais avant de marquer. C’est énorme. Mais le plus remarquable, c’est que le champion a quasiment suivi une ligne droite. Que s’est-il passé? Les joueurs britanniques se sont écartés de son chemin en suivant les feintes de l’Argentin, exactement comme il le souhaitait. En somme, Maradona a parfaitement bien géré les anticipations des joueurs anglais.
La Fed, comme beaucoup d’autres banques centrales, suit aujourd’hui une tactique similaire. Elle influence les marchés de taux par la sévérité ou l’amabilité de ses discours. Elle peut ainsi réguler l’économie et les marchés sans modifier sa politique monétaire.
Les taux à dix ans s’agitent, mais la trajectoire des taux directeurs reste linéaire.