Alors que la FED américaine vient de procéder à son deuxième relèvement de taux de l’année (+ 25 bp à 20%) quelle sera aujourd’hui la position de la BCE ? Analyse de Yves Longchamp, directeur de la recherche chez Ethenea.
La réunion de la Banque centrale européenne aujourd’hui s’annonce décisive. Il existe une forte probabilité que la BCE fasse le premier pas pour réduire son programme de relance monétaire, après plus d’une décennie d’assouplissement monétaire sans précédent.
Le programme de rachat d’actifs (APP en anglais) qui devrait durer « jusqu’à fin septembre 2018 ou au-delà si nécessaire », selon les orientations actuelles de la BCE, constituera très probablement le thème majeur de la réunion de la BCE, car il ne semble plus nécessaire. Pour reprendre la formulation exacte employée par la BCE, un ajustement soutenu de la trajectoire de l’inflation a été observé.
La semaine dernière, Peter Praet, économiste en chef de la Banque centrale européenne, a livré un discours au cours duquel il a suggéré que les trois critères fixés pour un ajustement soutenu de la trajectoire de l’inflation étaient réunis. Nous assistons actuellement à une convergence de l’inflation globale vers sa cible, à la confiance en une stabilisation durable de l’inflation autour de ces niveaux, et enfin à la résilience de la convergence de l’inflation à la fin du programme d’achats d’actifs par la BCE. Généralement, il existe une différence subtile entre les déclarations préalables de la BCE et ses communiqués finaux. Les premières tendent à rester de vagues déclarations faisant office de boussole pour les investisseurs, lorsque les seconds s’apparentent à un plan détaillé. Nous pensons que la Banque centrale européenne dévoilera demain son plan de réduction de son programme de rachat d’actifs (APP), et les détails quant à eux seront fournis lors de la prochaine réunion de politique monétaire qui se tiendra en juillet.
L’un des points d’intérêt clé sera de savoir s’il y aura une possible mise à jour des objectifs de politique monétaire de la BCE concernant une éventuelle première hausse des taux d’intérêt. A ce jour, il est souligné dans la politique que « les taux d’intérêt directeurs de la BCE [devraient rester] à leurs niveaux actuels sur une période prolongée, et bien au-delà de l’horizon fixé pour les achats d’actifs nets ». Nous supposons que cette affirmation demeurera inchangée, car la Banque centrale européenne n’est pas pressée de relever les taux. Cependant, nous pourrions bien envisager un changement significatif, à condition que le terme « au-delà » soit supprimé de cette phrase.
Au cours de la conférence, les nouvelles projections macroéconomiques de la BCE pour la zone euro seront publiées. Selon les projections actuelles, le PIB devrait augmenter de 2,4% cette année. Comme la croissance au premier trimestre a été plus faible que prévu, et que la majorité des indicateurs avancés ont baissé au cours des derniers mois, une révision à la baisse est hautement probable.
Bien que l’Italie ait fait la une des journaux ces dernières semaines, et que les tensions sur les cours des BTP demeurent persistantes, nous pensons que cela n’affectera pas la capacité de réaction de la BCE, car les tensions se limitent à la péninsule italienne.