Les marchés continuent d’évoluer au gré des négociations entre Chinois et Américains sans réelle direction toutefois. On note depuis maintenant plusieurs mois un phénomène de « de-risking » des portefeuilles surtout en Europe. La Commission Européenne vient d’ailleurs d’abaisser son objectif de croissance économique pour 2018 (2,1% contre 2,3%). Ce « de-risking » touche aussi maintenant les portefeuilles globaux et américains. La guerre commerciale commence également à être un facteur de révision en baisse de la croissance long terme allant de pair avec le vieillissement de la population (cf. la dernière étude de l’OCDE).
Les thèmes value et le sentiment sur l’Europe domestique n’ont jamais été aussi négativement considérés sauf peut-être juste après le Brexit alors que le momentum économique n’était pas aussi favorable. La tentation serait pour les gérants de poursuivre cette tendance en écartant les valeurs et secteurs ayant déjà très largement sous-performé. Mais, de manière contrariante, c’est aussi maintenant alors qu’il n’y a pas de choc majeur apparent à l’horizon qu’il faut profiter de ces fulgurantes anomalies de valorisation. Les résultats tiennent pour l’instant tout comme les dividendes. Il ne faut pas se décourager après ces trois derniers mois déroutants pour certains styles de gestion (notamment value).
En 2018, il est difficile de ne pas afficher des performances négatives pour les stockpickers et même pour certaines stratégies prudentes ou obligataires. Comme le baigneur dans la mer Morte qui ne peut pas couler, les gérants aimeraient offrir à leurs clients une performance toujours au-dessus du niveau de la mer. Mais les conditions actuelles sont complexes. Les prix de l’énergie viennent grignoter la croissance et le pouvoir d’achat et la construction des indices (forte pondération des valeurs pétrolières et du luxe pour le CAC 40) est difficile à répliquer dans une gestion active (dont d’ailleurs ce n’est sûrement pas l’objectif!).
La génération d’alpha ressemble cette année à la quête d’une terre sainte. Dès qu’on en aperçoit les côtes et les contours, on trépigne et croit y être enfin arrivé mais on découvre vite que la concurrence est forte et que chaque investisseur réclame une portion de cette terre sainte et si possible le plus grand possible.
Il est donc probable, qu’en 2018, il y ait peu d’élus dans la conquête de la surperformance.
Igor de Maack, Gérant et porte parole de la Gestion chez DNCA INVESTMENTS