N'ayons pas peur des mots ! La baisse structurelle des taux d'intérêt menace directement la survie du fonds en euros, placement préféré des Français.
Les obligations d'État, produit financier réputé le plus sûr et dans lequel les assureurs placent une grande partie de leur actif général, sont même passées en territoire négatif. Si c'est plutôt une bonne nouvelle pour l'État français qui est désormais payé pour emprunter à dix ans, ça l'est nettement moins pour les épargnants. Passé sous la barre des 2% en 2016, pour se stabiliser en 2017 et se positionner autour de 1,8%en 2018, le rendement des fonds en euros est attendu en baisse cette année, entre 1% et 1,5%.
Ce moindre rendement est aussi lourd de conséquences pour les assureurs. Ils n'ont aujourd'hui d'autre choix que de puiser dans leurs réserves pour rémunérer leurs frais de structure et de fonctionnement, mais aussi pour continuer à honorer les promesses d'un fonds dont la garantie en capital et la liquidité permanente coûtent de plus en plus chères.
Or, ces réserves ne sont pas inépuisables ! La solution ? Inciter les épargnants à arbitrer en faveur des unités de compte, seconde composante d'un contrat d'assurance-vie, par nature, et par conjoncture actuelle de marchés, plus rémunératrices mais non garanties en capital. Le tabou est tombé. Seuil minimum d'investissement en unité de compte, ticket d'entrée minimum, hausse des frais d'entrée... Plusieurs assureurs n'hésitent plus à dire haut et fort que l'accès au sésame du fonds en euros pourrait désormais être soumis à conditions.
Avec des rendements moyens approchant dangereusement les 1%, et ce avant prélèvements sociaux, les épargnants pourraient d'ailleurs très judicieusement renoncer, d'eux-mêmes, à la garantie du capital du fonds en euros et se tourner vers des placements plus rémunérateurs. Reste à les orienter vers des unités de compte au profil de risque modéré pour ne pas risquer un « changement culturel » brutal.
Avec un rendement moyen de 4,5% et une moindre volatilité, l'immobilier, plus précisément la pierre-papier, coche toutes les cases. La gamme disponible dans les unités de compte est aujourd'hui large et variée. SCPI, OPCI Grand Public, SCI ou OPCVM investi sur des foncières cotées... L'épargnant peut, selon ses convictions et son profil de risque, trouver la solution qui lui correspond.
Dans un contexte de taux durablement bas, cette rotation vers les unités de compte immobilières est inéluctable. Le potentiel de flux est significatif, quand bien même seule une part infime des quelque 1.500 milliards d'euros placés sur les fonds en euros était arbitrée. La pierre-papier a de beaux jours devant elle.
Par Guillaume ARNAUD, président du directoire de Sofidy