Pour les marchés émergents, l’année en cours est la plus difficile depuis l’effondrement des matières premières en 2014-2015, sur fond d’augmentation des taux d’intérêt américains, d’appréciation du dollar, d’escalade des tensions commerciales et de multiples risques politiques intérieurs. Analyse de Stéphanie de Torquat, stratégiste macro chez Lombard Odier.
Dans notre univers de 18 pays, toutes les monnaies hormis le peso colombien, le peso mexicain et le baht thaïlandais ont cédé du terrain face au billet vert depuis le début de l’année. Les baisses s’étendent de -50% pour le peso argentin à seulement -2% pour le ringgit de Malaisie ou le sol péruvien en passant par -40% pour la livre turque et -20% pour le réal brésilien. Hormis le baht thaïlandais et le won de Corée du Sud, toutes les monnaies que nous suivons apparaissent désormais bon marché face au dollar.
Cette situation reflète-t-elle les réalités économiques nationales ? Nous ne le pensons pas. Le risque existe toutefois qu’un resserrement prolongé des conditions financières lié à la faiblesse des monnaies pèse sur des fondamentaux sinon globalement sains – et même en nette amélioration depuis quelques années.
Les déficits des balances courantes ont par exemple fortement diminué et seuls cinq pays dépassent encore le seuil des -2% (voir graphique x). Les pays qui subissent les plus fortes pressions sont précisément ceux dont les positions extérieures sont les plus faibles, à savoir la Turquie et l’Argentine.
Dans ce contexte, il convient de surveiller de près l’Afrique du Sud et l’Indonésie. La Colombie affiche certes encore un déficit relativement conséquent, mais dont la dynamique s’améliore. Les réserves de change ont aussi nettement augmenté pour s’établir maintenant au-dessus de 20% du PIB en moyenne. Là encore, la Turquie, l’Argentine, l’Indonésie et l’Afrique du Sud semblent être les plus fragiles.
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