Les accords récents entre les autorités britanniques et européennes avalisent le schéma de délégation de gestion par une entité basée dans l’UE à un gérant britannique. Certains acteurs anglo-saxons doivent renforcer leurs moyens déployés en Europe Continentale. Analyse par Leïla Sekkat et Alexandre Lacaze du cabinet de conseil Alpha FMC.
La perspective d’un « no deal » prenant de la consistance à la veille du Brexit, les acteurs de l’écosystème européen de l’asset management prennent leurs précautions. M&G et Columbia Threadneedle ont annoncé dès l’année dernière migrer les actifs de leurs clients européens vers des fonds luxembourgeois (concrètement les parts non libellées en livre sterling de leurs fonds britanniques).
Mais la place de Paris n’est pas en reste : elle a vu plusieurs poids lourds du secteur demander un agrément à l’AMF (BlackRock, Schroders, Wells Fargo AM…), suivis par des sociétés de gestion britanniques dirigées par des français (H2O, Eleva Capital, Smart Lenders…).
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Les sociétés de gestion européennes sont confrontées à deux enjeux : continuer à faire gérer leurs fonds UCITS sous délégation à partir du Royaume-Uni, et continuer à les distribuer sur le territoire britannique.
Le passeport société de gestion offre la possibilité de gérer depuis un pays de l’Union des fonds de droit local dans tous les autres pays (aujourd’hui des fonds luxembourgeois ou italien depuis Londres par exemple). Et le passeport produit permet de distribuer un fonds de droit local européen dans tous les autres pays de l’Union (typiquement un fonds luxembourgeois en France ou en Italie par exemple).
La sortie du Royaume-Uni de l’Union n’est pas véritablement un saut dans l’inconnu.
A l’avenir, des fonds luxembourgeois pourront donc continuer à être gérés depuis Londres via une délégation de gestion à une entité britannique, comme aujourd’hui des fonds actions US de droit français peuvent être gérés depuis les Etats-Unis.
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L’Esma a bien précisé que la délégation de la gestion de fonds européens à un gérant d’un pays tiers (donc le Royaume-Uni à l’avenir) impliquait une vraie consistance de l’entité européenne délégante. A ce titre, chaque acteur devra obtenir une autorisation de son régulateur local pour déléguer au Royaume-Uni. M&G a ainsi annoncé la création d’une trentaine de postes à Luxembourg et H2O une petite dizaine à Paris. Cependant le transfert d’équipes de gestion de Londres dans un pays de l’UE à 26 ne devrait pas s’avérer indispensable.
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Le Brexit, avec ou sans accord, ne sera pas sans effet sur l’activité des asset managers européens et britanniques en particulier. Toutefois l’incertitude, même si elle demeure importante, semble aujourd’hui relativement maîtrisée. Un certain nombre d’acteurs ont pris des dispositions afin de ne pas avoir à agir dans la précipitation en cas de hard Brexit, et la plupart devrait très bientôt dévoiler leur stratégie.
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