Si l'on examine les chiffres du chômage aux États-Unis du point de vue de la Fed, on comprendra que sa politique dépendante des données reçues ne soit que trop logique estime Christian Hille, gérant chez DWS.
La Réserve fédérale américaine (Fed) poursuit un double mandat. D'une part, elle vise à maintenir la stabilité des prix et, d'autre part, à atteindre le plein emploi. Les deux éléments de ce mandat, l'inflation et le chômage, sont incorporés dans le concept du NAIRU, « non-accelerating inflation rate of unemployment ».
Par conséquent, le NAIRU fournit des informations utiles sur le comportement de la Fed. Examinons la relation entre le Nairu et le taux de chômage réel ainsi que le taux directeur de la Fed.
Comme le montre notre graphique, la Fed a commencé à augmenter ses coûts du crédit lorsque le taux de chômage réel a chuté à des niveaux proches du NAIRU, c'est-à-dire lorsque l'écart entre les deux taux se sont réduit à moins d'un demi-point de pourcentage.
La Fed a maintenu les taux à la hausse tant que l'écart, qui, du moins à court terme, est principalement attribuable aux variations du taux de chômage réel, a continué de diminuer. Une fois que le taux de chômage a touché le fond, la Fed a mis fin à son cycle de hausse. Et lorsque le taux de chômage est remonté au-dessus du NAIRU, la banque centrale a recommencé à baisser les taux.
L'expérience des cycles précédents permet également d'expliquer le comportement actuel de la Fed. Lorsque le taux de chômage, qui a grimpé à 10 % pendant la grande récession, est tombé à un niveau à peine supérieur au NAIRU, en décembre 2015, les banques centrales américaines ont amorcé le cycle de hausse.
Aujourd'hui, alors qu'il est de plus en plus évident que la dynamique du marché du travail s'essouffle, les décideurs politiques ont signalé qu'il fallait faire une pause et examiner les données et la dynamique économiques afin d'évaluer la voie à suivre. En d'autres termes, la trajectoire de la politique de la Fed dépendra des données reçues. Cette assertion n'est pourtant pas aussi naturelle qu’elle en a l'air.