L'année 2019 a été marquée par un ralentissement significatif de l'activité mondiale : la croissance tombée à 3 % est la plus faible observée depuis la Grande crise financière. Ce ralentissement largement partagé – il a touché près des trois-quarts de l'économie mondiale – s'explique notamment par l'escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. Mais les crises économiques (Argentine, Turquie, Venezuela...), les difficultés du secteur automobile européen, les incertitudes liées au Brexit... ont aussi joué un rôle.
La guerre commerciale va continuer de freiner la croissance
« En changeant brutalement les règles du jeu économique, en réduisant la visibilité des entreprises, la guerre commerciale a largement contribué au ralentissement du commerce mondial et de l'investissement des entreprises » souligne Anton Brender, chef économiste de Candriam. La Chine est, sans surprise, le pays le plus directement affecté, mais les Etats-Unis sont loin d'avoir été épargnés : un ralentissement des exportations et de l'investissement en équipement y a été également observé. Pour les Etats-Unis, cette guerre commerciale n'aura ainsi été ni « bonne » ni « facile à gagner » ! Et, même si demain une trêve était conclue entre Donald Trump et Xi Jinping, il est peu probable que l'incertitude engendrée se dissipe rapidement.
La Chine résignée ?
Prises dans la tourmente commerciale et confrontées au ralentissement de l'activité, les autorités chinoises ont mené une politique particulièrement prudente. Elles ont certes assoupli les conditions de crédit pour les PME, pris des mesures destinées à soutenir le secteur immobilier ou automobile ou encore l'investissement en infrastructures ; mais contrairement aux années 2015-16, la stimulation a cette fois été calibrée moins pour doper la croissance, que pour éviter un freinage trop brutal de l'économie. Dans un contexte de tensions géopolitiques durables, les autorités vont continuer de faire preuve de modération : la croissance poursuivra sa décélération en 2020, passant un peu en dessous de 6 %.
Etats-Unis, en ralentissement... mais pas de récession
L'économie américaine ne fait plus exception : sa croissance a, comme celle des principales économies, ralenti. Si la consommation reste toujours dynamique, les exportations ont subi les effets de la dégradation de l'environnement mondial et de la force du dollar. Surtout, l'investissement en équipement a nettement ralenti : privées de visibilité, beaucoup d'entreprises préfèrent reporter leurs projets. Confrontée à ces vents contraires, la Réserve fédérale n'a guère eu le choix : après avoir monté ses taux jusqu'à la fin de l'année 2018 pour freiner une économie que la politique budgétaire de Donald Trump risquait de porter au-delà du plein emploi, il lui a fallu inverser ce mouvement. Cet assouplissement monétaire qui stimule l'investissement résidentiel joint à la progression toujours soutenue de la masse salariale devraient permettre d'éviter la récession, même si la croissance va continuer de ralentir en 2020. « A plus long terme toutefois, le policy mix auquel on est arrivé est absurde » note Anton Brender. Avec un déficit du budget fédéral élevé et des taux directeurs à nouveau très bas, il va priver les autorités américaines de marges d'actions lorsque les Etats-Unis aborderont la prochaine récession : « faire repartir l'économie ne pourra qu'en être plus difficile ! » ajoute Florence Pisani, directeur de la recherche économique.
Zone euro, à la recherche d'un second souffle...
En quelques trimestres, la croissance européenne a nettement ralenti. Proche de 3 % fin 2017, elle était à peine au-dessus de 1 % à l'automne 2019. Facteurs conjoncturels et structurels se sont ici mêlés (tensions commerciales, interrogations sur le Brexit mais aussi difficultés du secteur automobile...). « Mais l'essentiel de la dégradation, en Allemagne en particulier, est venu de l'extérieur : la demande intérieure a plutôt bien résisté » note Florence Pisani. En 2020, la croissance de la zone devrait rester autour de 1 %. Avec des marges de manœuvre monétaires réduites, redonner un élan à la croissance européenne suppose un changement d'orientation de la politique budgétaire. Beaucoup d'espoirs reposent sur la Commission européenne et l'agenda ambitieux proposé par sa nouvelle présidente : Ursula Von der Leyen s'est donné cent jours pour mettre en place un green deal et faire de l'Europe « le premier continent à atteindre la neutralité climatique » d'ici 2050. « Le projet, louable, est toutefois moins ambitieux qu'il n'y paraît » souligne Florence Pisani : l'horizon est long et les rigidités du cadre des politiques européennes laissent peu d'espoir sur la capacité de l'Europe à mettre en place rapidement, par ce biais, une véritable stratégie de croissance.
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