Directeur de la recherche chez DWS, Johannes Muller revient sur la relation entre les cours de l’or, l’inflation et les taux directeurs.
Bien que l'or soit généralement considéré comme une couverture contre l'inflation, il a surtout suivi les rendements réels au cours de la dernière décennie. Si ceux-ci chutent, le prix de l'or a, quant à lui, tendance à augmenter.
Les sociétés d’organisation de mariages indiennes, les épargnants allemands, les hedge funds opportunistes ou les futurs traders - il y a de nombreux suspects pour la hausse ou la baisse de la demande d'or. Mais quelle que soit la façon dont on regarde les choses, l'un des principaux moteurs de la demande d'or est une autre vieille connaissance : les banques centrales. Celles-ci ont en effet tendance à influencer le prix de l'or par plusieurs biais.
D'une part, les banques centrales comptent parmi les plus gros acheteurs sur le marché de l'or depuis la crise financière. En 2018, elles ont acheté 651,5 tonnes, soit plus qu'à tout autre moment depuis au moins 1971, année où les États-Unis ont mis fin à l'ancrage du dollar à l'or.
D'autre part, la politique de taux d'intérêt des grandes banques centrales contribue de manière significative à l'attractivité de l'or. Comme l'or ne rapporte pas d'intérêts ni de dividendes, les investisseurs gardent toujours un œil sur les coûts d'opportunité de la détention d'or, c'est-à-dire la perte de revenu régulier qui aurait été générée par un investissement dans d'autres placements.
Pour ce faire, on peut simplement se référer au rendement des obligations du gouvernement américain. Généralement, plus le taux d'intérêt est bas, plus l'or devient attractif, toutes choses égales par ailleurs.
Si l'on divise le rendement nominal américain en deux composantes, le rendement réel et les attentes d'inflation, il devient évident qu'historiquement, du moins depuis le début de la crise financière, les rendements réels ont montré une évolution parallèle avec le prix de l'or.
Cela vaut la peine d'être mentionné, car après tout, certaines tendances du marché des capitaux ont été différentes depuis. Cependant, peu de choses suggèrent que les choses ne devraient pas continuer à être "différentes" pour le moment, quand il s'agit de l'or.
Nous croyons que l'influence des banques centrales sur les marchés financiers ne devrait pas diminuer de sitôt. La récente remontée du prix de l'or à plus de 1500 dollars l'once troy s'est accompagnée d'une prise de conscience croissante des investisseurs qu'ils ne devraient pas compter pour l'instant sur les hausses de taux d'intérêt des grandes banques centrales. Ce n'est pas une coïncidence.