Charles-Henri Kerkhove, directeur des investissements chez Fidelity, fait le point sur la santé de l’économie mondiale. A l’heure où nombre d’économistes mettent en garde contre une potentielle récession, le professionnel tient un discours plus rassurant. Tout en appelant les politiques à réagir.
On entend de plus en plus parler de risque de récession… Vous y croyez ?
De notre côté nous ne voyons pas de récession l’année prochaine. Nos attentes de croissance en 2020 sont de l’ordre de 1% pour la zone euro, de 2% pour les Etats-Unis et de 6% pour la Chine.
La Chine a encore une belle marge de manœuvre en matière de stratégie de soutien et il faut compter avec la consommation domestique.
En ce qui concerne la zone euro, c’est l’Allemagne qui tire la moyenne de croissance vers le bas : au 4ème trimestre elle devrait être en récession technique.
Le sujet est que chaque nouvelle mesure des banques centrales, surtout le BCE, ont des effets qui s’amoindrissent. Donc c’est aux politiques de prendre le relai. Le point positif est que même en Allemagne, on commence à parler de stimulus : l’Allemagne peut avoir un effet d’entrainement sur le reste de la zone.
Mais est-ce que les mesures keynésiennes marchent encore dans une économie mondialisée ouverte ?
Oui, car cela va dans les 2 sens. Votre politique keynésienne profite entre autres aux importations mais vos exportations profitent de leur côté des politiques de relance en Asie ou aux Etats-Unis. L’interdépendance joue dans les 2 sens.
Qu’est-ce qui vous inquiète dans l’économie mondiale ?
La géopolitique au Proche Orient qui peut impacter les prix de l’énergie ce qui est susceptible d’avoir un effet sur la croissance mondiale.
Quant au conflit commercial sino-américain, il présente selon moi des risques limités ; mais il peut se déplacer vers l’Europe…
En termes d’allocation, quelle est votre tiercé gagnant ?
Je dirais la dette émergente en devises locales, on voit bien que le changement de cap de la Fed a un effet positif sur les émergents, avec une préférence pour les marchés asiatiques et peu d’engouement pour les pays liés aux matières premières.
Le High Yield asiatique qui est en générale de duration plus courte que dans le reste du monde avec un gisement d’émetteurs très diversifié.
Et l’or que l’on retrouve dans différents de nos fonds.
Et votre tiercé perdant ?
La dette d’Etat européenne alors qu’on est en taux négatifs sur certaines maturités, y compris chez des émetteurs où on était à 7% il y a encore quelques temps.
Nous sommes plutôt négatifs sur le dollar.
Et les actions américaines qui affichent un niveau de valorisation très élevé.