A en croire la majorité des économistes et analystes financiers, le conflit commercial opposant les Etats-Unis à la Chine marquerait le point de départ du ralentissement de la croissance économique mondiale. Stratégiste chez la Financière de la cité, Nicolas Goetzmann remet en question ce consensus.
« Il faut sortir du narratif de la guerre commerciale, il y a quelque chose de plus profond ». Selon Nicolas Goetzmann, la croissance économique mondiale n’a pas commencé à déchanter avec la guerre commerciale sino-américaine, simplement car les difficultés économiques se sont fait sentir en Chine et au sein de l’Union européenne avant d’atteindre les Etats-Unis.
Les importations américaines ont en effet tenu bon jusqu’en octobre, alors que leurs exportations, majoritairement à destination de la Chine et de l’Union européenne, ont commencé à chuter 6 mois avant. Mais alors, comment expliquer le ralentissement économique de ces deux grandes puissances ?
Evolution des exportations et importations des Etats-Unis de janvier 2018 à août 2019
La Chine aspire à restructurer son modèle économique, et à quitter ainsi son rôle d’usine du monde. « On observe une Chine qui se normalise », soutient Nicolas Goetzmann, le pays tablant désormais sur sa consommation intérieure.
Du côté de l’Union européenne, l’analyste rappelle que le soutien de la BCE a commencé à s’estomper dès la fin de l’année 2017. Et que de ce fait, « les indices de conjoncture ont commencé à caler largement avant les Etats-Unis ».
Lors de sa nomination à la tête de la BCE, Christine Lagarde a annoncé une révision de la politique monétaire, comme l’a fait la FED. Mais cela ne va pas être aussi facile qu’aux Etats-Unis. Nicolas Goetzmann s’attend à un « combat politique interne assez lourd », les avis divergents fortement selon les différents pays de la zone euro.
Si les Etats-Unis ont « commencé à caler » à partir du mois d’octobre, ce serait la faute d’une restructuration de la politique monétaire trop forte. Et non du fait de leurs différends avec la Chine. Les BC semblent donc être les grandes coupables du ralentissement : « les banques centrales sont plus restrictives que ne le souhaiterait le marché », conclut en ce sens l’analyste.