Après deux années de bras de fer commercial, Américains et Chinois sont enfin parvenus à signer un accord préliminaire, le premier volet d’un accord plus global. Qualifié de « pas de géant » dans la réduction des déséquilibres globaux entre les deux superpuissances, cet accord de « Phase 1 » repose avant tout sur les bonnes intentions des deux belligérants. Ainsi, d’un côté, le Président Trump renonce à mettre en place de nouveaux droits de douane punitifs sur les importations chinoises. De l’autre côté, les Chinois s'engagent à augmenter leurs importations de produits américains, soit environ 200 milliards de dollars supplémentaires sur deux ans.
Malgré cette avancée, la guerre commerciale est loin d'être finie. Place désormais à la « Phase II » des négociations qui s'annoncent très difficiles. En effet, le contentieux va se porter dorénavant sur la propriété intellectuelle, sur la gestion du yuan et surtout sur les aides publiques aux entreprises chinoises. Si des progrès juridiques peuvent venir au niveau de la propriété intellectuelle, on voit mal comment une issue peut, par exemple, voir le jour au sujet des subventions publiques qui font partie des instruments de gestion préférés de Pékin.
Ces difficultés n’ont pas eu l’air d’émouvoir les marchés qui ont préféré saluer l’espoir d’un prochain accord commercial, même s'il ne devrait pas intervenir en 2020. Les indices américains ont une nouvelle fois terminé la semaine sur des niveaux record à l'image du S&P 500 (+1,94%, à 3329 points) ou du Dow Jones. Cet élan haussier a également été renforcé par la publication des statistiques américaines de très bonne facture comme le bond des mises en chantier (+16,9% en décembre), ce qui laisse penser à une nouvelle contribution positive de l’investissement résidentiel au quatrième trimestre. Cette performance sera contrebalancée par le recul attendu de l’investissement non résidentiel, après la nouvelle contre-performance de la production industrielle (-0,3% en décembre), pénalisée par les déboires de Boeing. Quant aux ventes au détail (+0,3% en décembre), si 12 des 13 catégories ont enregistré une hausse sur le mois (à l’exception des automobiles), il faut faire attention à ne pas sur-interpréter dans la mesure où le message délivré est celui d’un apport moins fort de la consommation au PIB du 4ème trimestre 2019.
L’apaisement des tensions commerciales a participé au reflux de l’aversion pour le risque. Dans ces conditions, avec la remontée de l’inflation (+0,2%, soit 2,3% sur une année en décembre), les rendements des taux souverains se sont appréciés. Le taux à 10 ans américain est revenu au-dessus du seuil de 1,83%, sous-performant les comparables de la zone Euro (-2 points de base, à -0,25% en Allemagne) et surtout du Royaume-Uni (-15 points de base, à 0,62%). Il n’est pas acquis que cette tendance à la hausse des taux longs américains persiste, surtout si les indicateurs PMI flash de Markit* venaient à décevoir.
La baisse de l’aversion au risque n’a pas profité à l’euro qui continue de perdre du terrain contre le dollar. Même si la production industrielle est ressortie en hausse (+0,2% en novembre), les difficultés restent nombreuses comme pourrait le confirmer la publication des indicateurs avancés cette semaine. Dans ces conditions, de plus en plus d’investisseurs spéculent sur des actions supplémentaires de la Banque centrale européenne. Le marché ne s’attend toutefois pas à des annonces cette semaine à l’occasion de la première réunion de politique monétaire de l’année de la Banque centrale européenne.
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