Malgré son lot d’incertitudes, l’année 2019 aura finalement réservé quelques bonnes surprises, à l’image du retour du CAC 40 vers les 6 000 points en décembre, pour la première fois depuis 12 ans.
• A commencer par le net rebond des principales bourses mondiales, après un bilan 2018 chaotique. De part et d’autre de l’Atlantique, les grands indices ont affiché des hausses de l’ordre de 20 % : + 26.4 % pour le CAC 40, + 28,8% pour le S&P 500, +18.2% pour le Nikkei 225 (performances, dividendes non réinvestis en devises locales). L’arsenal de mesures déployé par les banques centrales pour lutter contre la déflation y est pour beaucoup. « Tel que nous l’avions anticipé, la Réserve Fédérale des Etats-Unis (Fed) et la Banque Centrale Européenne (BCE) ont continué de mener des politiques monétaires accommodantes en injectant des liquidités sur les marchés financiers. Cela a profondément renforcé la valorisation des actions » constate Jean-Jacques Friedman, Chef Investment Officer de Natixis Wealth Management. Ainsi, contrairement aux attentes du consensus fin 2018, la Réserve Fédérale Américaine a baissé ses taux directeurs à trois reprises en 2019. De son côté, après avoir alloué 2 600 milliards d’euros à des rachats d’actifs - principalement des obligations d’Etat et d’entreprises - entre mars 2015 et décembre 2018, la BCE a repris son programme d’acquisition en novembre 2019 au rythme de 20 milliards d’euros par mois. Ce revirement sur les politiques monétaires - et donc le niveau des taux - constitue le principal événement de cette année écoulée.
• L’autre force de rappel est d’ordre macroéconomique. « Comme nous l’avons indiqué à plusieurs reprises tout au long de l’année, l’inversion de la courbe des taux, censée précéder une récession économique, ne constitue plus un indicateur pertinent dans un contexte de taux (longs et courts) extrêmement bas » note Jean-Jacques Friedman. Rappelant au passage que « l’interventionnisme des banques centrales joue en effet à la fois sur les taux courts et sur la partie longue de la courbe, via les mesures de rachat d’actifs ». D’autant que sur le front des statistiques, d’autres éléments militaient au contraire pour une stabilisation du cycle économique, avec des indices qui s’avéraient plus rassurants aux Etats-Unis comme en Europe : baisse du taux de chômage, hausse des salaires, augmentation du pouvoir d’achat… Contrairement à ce que pouvaient craindre certains investisseurs, le secteur des services assurait un relais solide au secteur des biens manufacturiers, qui traversait certes une phase de quasi-récession mais dont le poids dans l’économie reste largement minoritaire. Et cela alors que les tensions commerciales semblent vouloir s’apaiser entre les Etats-Unis et la Chine, à l’aube des élections américaines de 2020.
Après le revirement de la politique monétaire, le feuilleton géopolitique de la guerre commerciale sino-américaine et le débat autour d’une possible récession en 2019, la question de la valorisation des résultats des entreprises devrait revenir au centre des préoccupations des stratégistes. D’autant que le marché semble s’être accoutumé aux épisodes récurrents de tensions (Brexit, crise politique italienne, etc.). La bonne résistance des indices boursiers face au risque d’une montée des hostilités entre les Etats-Unis et l’Iran en est un bon exemple.
S’il va sans dire que le scénario d’entrée en récession a été majoritairement écarté, le niveau de croissance économique en 2020 sera déterminant pour appréhender le rythme de progression des bénéfices dans certains secteurs.
D’ailleurs, le décalage temporel entre l’augmentation de l’épargne des ménages - constatée dans de nombreuses régions suite à la hausse du pouvoir d’achat – et la reprise de la consommation, devrait porter ses fruits au cours des prochains trimestres.
L’autre élément décisif sera celui de l’augmentation des multiples de valorisation sur les actifs cotés, à l’image de ce qui a pu survenir au cours de ces dernières années sur le non-coté.
Dans ce cadre, il convient de surveiller en premier lieu les flux des investisseurs anglo-saxons qui pourraient revenir sur le marché européen dans un contexte de résolution du Brexit et d’anticipation de baisse du dollar par les investisseurs.
A côté de ces flux externes, un autre élément pourrait intervenir à ce stade du cycle boursier : le retour des opérations de fusion-acquisitions ou de fonds davantage activistes qui ont d’ailleurs commencé à se positionner sur le marché européen.
Ces opérations concerneront en priorité les secteurs à la recherche d’économies d’échelle ; des entreprises pourraient être retirées de la cote étant donné le désintérêt des investisseurs à leur égard ; d’autres qui possèdent au contraire une compétence technique recherchée pourraient être des cibles d’acquisition.
Actuellement, en zone euro, les actions se traitent autour de leur moyenne historique, soit environ 14 fois les bénéfices estimés pour 2020, mais paraissent toujours bon marché, compte tenu des taux historiquement bas. Au vu des multiples élevés du Private Equity, les investisseurs seront peut-être amenés à réallouer leurs investissements vers la Bourse…
Ainsi, dans ce contexte nous avons procédé à des rotations thématiques et sectorielles en faveur :
- de valeurs cycliques délaissées - qui bénéficieront d’un effet de base positif en terme de comparaison pour 2020 - comme l’industrie automobile, la chimie ou les produits de base ;
- de valeurs moyennes, qui sont victimes d’une certaine forme de désintérêt de la part des investisseurs depuis deux ans et qui s’avèrent particulièrement corrélées aux possibles flux de réallocation dont l’importance devrait rester primordiale au cours des prochains trimestres.
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