La situation que connaissent les investisseurs, marquée par une liquidité qui disparaît peu à peu, est inédite. Si le contexte n'est pas le même qu'en 2008, période à laquelle les marchés ont fait face à des risques systémiques (subprimes, fragilité des banques), il se caractérise par de fortes incertitudes qui font plonger les places boursières chaque jour un peu plus. Ainsi, l'économie mondiale est pratiquement à l'arrêt pour une durée indéterminée et le nombre de cas de contamination au coronavirus devrait augmenter rapidement au cours des deux prochaines semaines.
Le niveau d'écartement des spreads de crédit High Yield, s'il devait se maintenir, pourrait présager d'une situation extrêmement compliquée pour les mois qui viennent.
Tous ces éléments appellent une réponse forte de la part des autorités économiques, financières et monétaires. Un grand nombre de pays a d'ores et déjà dévoilé une politique ambitieuse de soutien, à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d'euros. Sur le front monétaire, la BCE s'est retrouvée sous le feu des critiques la semaine dernière, après l'annonce de mesures de faible ampleur. Le Royaume-Uni a pour sa part annoncé un plan cohérent de politique économique et monétaire. Quant à la Fed, elle a décidé de sortir le bazooka pour permettre aux banques de maintenir et même étendre leurs politiques de crédit.
Sur le plan sanitaire, on observe que les mesures de confinement fonctionnent, comme le montrent les exemples de la Chine et de la première ville italienne touchée par l'épidémie de coronavirus. Les cas de contamination se stabilisent, voire reculent. Selon une hypothèse vraisemblable, l'Europe pourrait suivre cette trajectoire grâce aux mesures de confinement et connaître un ralentissement de l'épidémie, avec un pic atteint fin mars / début avril. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni n'ont quant à eux pas opté pour le confinement, entraînant une grande incertitude pour les investisseurs qui s'inquiètent des conséquences de cette absence de mesures.
Certaines étapes ont été franchies au cours des derniers jours. La capitulation de marché, étape dans une crise boursière, s'est produite. Des réponses économiques, financières, fiscales et monétaires adaptées à la situation ont été apportées mais les marchés focalisent maintenant leur attention sur les Etats-Unis concernant l'annonce d'un plan de relance économique et des mesures sanitaires plus offensives. Si Washington et Londres optaient pour le confinement de la population, les marchés pourraient alors envisager le début de la fin de l'extension de l'épidémie.
Dans ce contexte, nous maintenons notre allocation neutre sur les marchés actions et sous-pondérons les marchés obligataires. Nous restons dans l'attente de mesures sanitaires ambitieuses aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et d'une réponse économique forte Outre-Atlantique pour modifier notre allocation d'actifs et tirer parti des niveaux de valorisation historiquement bas.
Rédigé par Benjamin Melman, Global CIO Asset Management.
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