Rien n’était attendu de la part de la BCE ce mois-ci et rien n’a été annoncé, sinon le maintien des programmes de rachats d’actifs déjà existants. Pour autant, contrairement à sa précédente conférence du 4 juin, la présidente, C. Lagarde, avait plutôt de bonnes nouvelles à apporter
1- Après avoir commenté la révision à la baisse des prévisions particulièrement mauvaises en juin, C. Lagarde a pu ce mois-ci s’attarder sur les données plus encourageantes relatives à la reprise de l’activité, aujourd’hui clairement enclenchée.
2- Alors que la médiocrité de la situation l’avait conduite le mois dernier à annoncer de nouveaux outils de prévention contre les méfaits économiques et financiers de la pandémie, elle a pu aujourd’hui constater que les mesures prises étaient effectives, largement utilisées et suivies de résultats. En d’autres termes, les décisions étaient les bonnes et, si la BCE réitère la nécessité de maintenir des conditions de très amples liquidités, elle n’a pas besoin d’en rajouter.
3- Enfin, le communiqué de presse, prend acte des avancées de la Commission et met habilement cette dernière devant ses responsabilités, en actant quasiment du fait accompli, tout en enjoignant les dirigeants européens de se mettre rapidement d’accord en faveur de la nouvelle génération de propositions de la CE destiné à « renforcer le marché unique et à construire une reprise prospère et durable ».
Après la vive inquiétude du mois dernier, la présidente de la BCE est apparue confiante et déterminée, au point, peut-être, de parvenir à forcer la main des dirigeants les plus récalcitrants aux propositions de relance. La posture est fine et stratégique. Elle est risquée à la veille du sommet européen extraordinaire de demain et de samedi consacré au futur budget et au plan de relance. Mais Mme Lagarde ne pouvait avoir meilleur timing pour lancer un dernier appel aux dirigeants de l’UE. Celui-ci semble avoir convaincu les marchés, ce qui explique le regain de solidité de l’euro face à un dollar de plus en plus mal en point.
Derrière la hausse de la devise se joue en effet le regain de crédibilité de la gouvernance européenne et l’évacuation du risque existentiel qui, il y a peu, menaçait à nouveau la monnaie unique. Une déception ce week-end serait terriblement mal venue et entrainerait sans doute l’euro à la renverse en même temps que se creuseraient les écarts de taux d’intérêt. Il s’agirait d’un camouflet potentiellement très déstabilisants pour les marchés. Un accord, aurait au contraire de quoi redonner à l’euro une bonne marge d’appréciation dans la zone des 1,15 à 1,18 USD a minima. C’est ce scénario que l’assurance de Mme Lagarde a conforté.
Pour accéder au site, cliquez ICI.