L’année dernière, près de 30 milliards de données ont été compromises, soit plus que le total cumulé des 15 années précédentes.
Points clés
- La pandémie de Covid-19 a entraîné une explosion de la cybercriminalité dans le monde
- Garantir la cybersécurité est vital pour l’industrie des services financiers
- D’intéressantes opportunités d’investissement sont à saisir
Que s’est-il passé ?
La pandémie de Covid-19 est une aubaine pour les hackers. De nombreux secteurs de l’économie ayant soudainement été obligés de passer au numérique, les cybercriminels se sont régalés. En 2020, pas moins de 30 milliards de données ont été volées, estime un rapport1 de Canalys, une société d’analyse spécialisée dans les technologies. C’est plus que le total réuni des 15 années précédentes.
D’après un autre rapport publié en fin d’année par le think-tank américain Center for Strategic and International Studies (CSIS) et le spécialiste de la sécurité informatique McAfee, les pertes monétaires mondiales dues la cybercriminalité ont considérablement augmenté en 2020 et atteint près de 945 milliards de dollars (voir graphique 1)2.
Graphique 1 : estimation des pertes monétaires mondiales dues à la cybercriminalité
Source : Lewis, J. A., Malekos Smith, Z. et Lostri, E., décembre 2020, « The Hidden Costs of Cybercrime », rapport CSIS-McAfee.
En outre, les dépenses consacrées à la cybersécurité auraient dépassé 145 milliards de dollars dans le monde, portant le coût total de la cybercriminalité à presque 1 100 milliards de dollars, soit 1,3 % du produit intérieur brut (PIB) mondial. Cette nouvelle estimation est en hausse de plus de 50 % par rapport au chiffre précédemment fourni par CSIS et McAfee pour l’année 2018.
Les auteurs du rapport reconnaissent que l’augmentation des signalements explique une partie de cette hausse. Malgré cela, ajoutent-ils, il est évident que la cybercriminalité continue de se développer rapidement. Selon eux, « le cybercrime augmente parce qu’il paie, qu’il peut être facile à mettre en œuvre et que le risque pour les cybercriminels peut être faible ».
Pourquoi est-ce important ?
La crise du Covid-19 a considérablement accru notre dépendance au numérique. Il est peu probable que l’on revienne en arrière et que les gens reprennent leurs anciennes habitudes, même lorsque la pandémie sera derrière nous. Cela signifie que les entreprises devront continuer d’investir dans la cybersécurité, en particulier celles de l’industrie des services financiers.
Dans un rapport publié en août dernier, Interpol mettait en garde contre le taux alarmant de cyberattaques enregistrées durant les quatre premiers mois de 2020, lorsque les pays du monde entier ont imposé des mesures de confinement. Plus important, l’organisation internationale prédisait aussi qu’une nouvelle augmentation de la cybercriminalité était fort probable à court terme, dans la mesure où les tendances structurelles telles que l’essor du commerce en ligne et du télétravail se poursuivront.
Dans ce contexte, les budgets consacrés à la cybersécurité semblent bien partis pour rester élevés. Bien que la continuité des activités et la productivité de la main-d’œuvre aient pris le pas sur la sécurité durant la pandémie, les investissements en cybersécurité ont de nouveau dépassé ceux réalisés dans les autres segments de l’industrie informatique en 2020, pour atteindre 53 milliards de dollars (croissance de 10 %), indique Canalys.
Le cabinet d’analyse prévoit que la tendance actuelle se poursuivra dans les mois à venir et que les investissements en cybersécurité progresseront de 6,6 % à 10 % en 2021, en premier lieu dans les technologies de sécurité d’Internet et des e-mails.
Quelles conséquences pour les investisseurs ?
Pour les investisseurs, l’explosion de la cybercriminalité est évidemment une menace pour les entreprises qu’ils détiennent. Mais c’est également une occasion d’investir dans des sociétés qui fournissent des solutions pour répondre à ce défi grandissant. Cela concerne particulièrement l’industrie financière, car les cybermalfaiteurs sont naturellement attirés par ce secteur. Toute société financière qui ne prendra pas les mesures nécessaires devra tout simplement fermer boutique.
L’intérêt grandissant pour les investissements en cybersécurité est déjà visible dans les flux de capital-risque. L’année 2020 a été une année record puisque 11,4 milliards de dollars ont été investis dans la cybersécurité, soit près de 50 % de plus qu’en 2018, selon le cabinet d’analyse et de recherche CB Insights. Cette hausse est largement due au développement très rapide de la cybercriminalité et à l’adoption accélérée du cloud computing.
La demande accrue de solutions de cybersécurité est l’une des évolutions que nous suivons de près au sein de nos stratégies actions FinTech et New World Financials equity. Mais il est vrai que trouver des sociétés qui sont à la fois pertinentes pour le secteur financier et intéressantes du point de vue de l’investisseur n’est pas facile. Déjà parce que le nombre d’opportunités reste relativement limité.
Qui plus est, la croissance de l’activité et la dynamique des prix ne vont pas toujours de pair, ce qui signifie que la recherche de valorisations (relatives) est extrêmement importante. Pourtant, nous sommes convaincus que le jeu en vaut la chandelle. C’est la raison pour laquelle les sociétés cotées qui offrent des services tels que la protection des paiements, par exemple, représentent désormais une partie importante de notre univers d’investissement.
1 Canalys, mars 2021, « Now and next for the cybersecurity industry », rapport spécial.
2 Lewis, J. A., Malekos Smith, Z. et Lostri, E., décembre 2020, « The Hidden Costs of Cybercrime », rapport CSIS-McAfee.
Patrick Lemmens, Portfolio Manager Global FinTech Equities
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