Les Britanniques se sont prononcés à 51,9% en faveur d’une sortie de l’Union européenne. Quelle sera la suite du film ?
Le Premier ministre David Cameron peut-il ignorer le vote d’hier ?
Consultatif, le référendum doit encore être avalisé. Le Premier ministre peut-il surseoir ? Si techniquement c’est possible, il y aurait là un risque politique pour lui. Ceci dit, on a eu des exemples, récents, où l’exécutif a décidé de passer outre la décision du peuple : alors qu’en 2005 les Français s’étaient exprimés à plus de 54% pour un rejet du Traité constitutionnel européen, 2 ans plus tard le président Sarkozy réunissait le Congrès pour faire adopter le Traité de Lisbonne. Attention au coût politique.
La City risque-t-elle de perdre son statut de place financière régionale de référence ?
Plusieurs banques n’ont pas manqué de faire valoir pendant la campagne qu’elles n’écartaient pas la possibilité de quitter Londres en cas de vote en faveur d’une sortie de l’Union. On sait toutefois qu’en cette matière c’est toujours la « realpolitik » qui a le dernier mot : des déclarations tranchées ne coûtent rien et n’engagent pas réellement ceux qui les profèrent. Quitter la City, mais pour aller où ? Paris ou Francfort peuvent être des hypothèses de travail ; sans oublier Dublin. L’Irlande offre une vraie proximité géographique, parle aussi la langue de Shakespeare, et appartient à la zone euro…
Quels peuvent être les dommages collatéraux d’un Brexit ?
Ils peuvent être nombreux : retrait des investisseurs étrangers, baisse de l’immobilier local, baisse de la Livre, baisse des exportations… C’est le scénario catastrophe mis en avant pendant la campagne par les partisans du Bremain. Et qu’a repris à son compte le financier et spéculateur George Soros en prédisant un Vendredi Noir en cas de Brexit. Un fin connaisseur qui en 1992 avait fait flancher la devise britannique dans le cadre d’une opération spéculative d’envergure. Reste que si Brexit il y a, il ne se fera pas instantanément, un délai de 2 ans est prévu par les traités européens, pour permettre entre autres de négocier les conditions de sortie de l’Angleterre du Passeport européen. Passé la phase de stupeur, il n’est pas sûr que les opérateurs s’engouffrent dans des prises de décisions rapides. Il est urgent d’attendre.
Les conséquences pour le reste de l’Europe ?
Elles sont d’abord politiques, un Brexit donnerait de l’air aux indépendantistes de tous poils : Catalan, Danois, etc. Alors que l’on a vu monter un fort mouvement de défiance à l’égard de l’institution européenne dans l’ensemble des opinions publiques du Vieux continent, l’exemple britannique va renforcer ce mouvement et jouer le rôle de véritable déclencheur. Si le couple franco-allemand devrait maintenir le cap dans la tourmente, les positions anti-Bruxelles vont très rapidement se cristaliser (chez les Grecs et plus largement sur l’ensemble de l’Europe Sud). D’autre part la situation va alimenter la volatilité sur des marchés manquant déjà de direction et déjà mis à rude épreuve.
Le Brexit peut-il représenter une opportunité d’investissement ?
Pour les spéculateurs et les « spielers » adeptes de postions tactiques et à court terme, sans doute. Qu’il s’agisse de la Livre, qui fait du yoyo, des marchés boursiers britanniques et plus largement des marchés européens, ou même des paris en ligne… les incertitudes autour du Brexit sont devenues le terrain de jeu de tous les paris. A plus long terme, 2, 5 10 ans, on manque de certitudes quant à la tendance de fonds. Et les pronostics des spécialistes et économistes varient du calme plat à la tempête.
FL/EF