Le regard en coin de François Jubin, président de WiseAM.
Contexte géopolitique, niveaux de valorisation, remontées des taux, diatribes populistes de certains dirigeants… les actualités les plus reprises et commentées dans les éditoriaux financiers ces derniers mois/semaines ont à l’évidence contribué à la mise en place d’un nouveau paradigme de marché.
Les réactions des investisseurs aux publications de résultats des entreprises se démarquent en effet nettement de la logique qui prévalait encore il y a quelques mois de ça. Si une société comme Netflix a reçu les « louanges » (comprendre salve d’achat) des opérateurs suite à sa publication, nombre de titres furent logés à une toute autre enseigne.
Ainsi, le secteur bancaire américain et ses valeurs phares telles que JPMorgan, Citigroup et autre Goldman Sachs n’a pu profiter de résultats pourtant supérieurs aux attentes. Pire, les sanctions boursières se font désormais quasi immédiates quand des sociétés ont le malheur de ne pas parvenir à battre le consensus : IBM, Procter & Gamble ou encore 3M en ont notamment fait l’amère expérience…
IBM a, il est vrai, eu l’outrecuidance d’annoncer un BPA de $13.80 contre $13.84 attendu par les analystes… La croissance de 5% à 19 Milliards de dollars n’a pas pesé très lourd dans l’esprit des intervenants : la valeur perd près de 10% depuis cette date, voyant même symboliquement sa capitalisation boursière passer derrière celle de Netflix !
Heureusement pour l’orientation des indices, les résultats restent globalement très favorablement orientés, puisque les sociétés du S&P 500 devraient afficher selon Factset une croissance des bénéfices par actions en progression de… 18.6%. Comme souvent, 78% des sociétés à avoir publié leurs résultats ont battu le consensus des analystes.
Le cas emblématique de Caterpillar
Le diable se cache souvent les détails… La publication de Caterpillar illustre ce que nous observons actuellement en termes de micro-économie. Les valeurs surfent sur une forte dynamique trimestrielle… mais peinent parfois à convaincre les observateurs pour ce qui est des perspectives à moyen terme.
Ainsi, le groupe américain a revu à la hausse ses perspectives de résultats pour l’ensemble de l’année, à la faveur notamment d’une forte demande chinoise. le groupe a indiqué que le point haut de l’accélération en séquentiel serait atteint ce premier trimestre… Ce passage d’une phase d’accélération à une phase de stabilisation du rythme de croissance reste toujours sensible, comme l’a montré la volatilité des indices européens depuis le milieu du mois de février avec le décrochage de l’indice de surprise économique en zone Euro.
Quid des valeurs européennes ?
Comme évoqué dans nos précédentes communications, la thématique « devises » se trouve au centre de nombre de publications françaises et européennes… Ainsi, les résultats de Pernod-Ricard, Publicis ou encore Danone ont clairement subi la remontée de la monnaie commune. Toutefois, Danone a été salué pour l’accélération de sa croissance quand les résultats de Pernod-Ricard ou Remy Cointreau étaient accueillis avec plus de circonspection… comme un symbole de l’opposition entre bon trimestre en absolu et déception relative aux attentes des analystes. Le peu de valeurs ayant publié sur le vieux continent ne permet pas, pour le moment, de tirer de conclusion. La semaine en cours sera bien plus riche en enseignements…