Chaque nouvelle confirmation d’une croissance robuste aux États-Unis, associée à une inflation en progression, mais sous contrôle, semble valider l’approche de normalisation de la politique monétaire américaine adoptée par la Fed. L’analyse de Franck Dixmier, directeur des gestions obligataires d’Allianz GI, en amont de la réunion du FOMC demain et après-demain.
L’activité économique est florissante aux États-Unis. Dans ce contexte, la normalisation de la politique monétaire opérée par la Réserve fédérale américaine, qui garde un œil sur l’inflation, paraît efficace.
Bien que l’IPC du mois d’août soit ressorti légèrement inférieur aux attentes, le rapport sur l’emploi du même mois a révélé des chiffres robustes. L’emploi reste soutenu, la croissance des salaires atteint 2,9% et le taux de chômage ne dépasse guère 3,9%. Même le rapport U-6 – mesure la plus large du chômage – indique pour le mois d’août une forte chute jusqu’à un point bas que l’on n’avait pas connu depuis 17 ans.
Cette convergence des indicateurs souligne clairement la bonne santé de l’économie américaine. Mais si l’inflation progresse régulièrement, atteignant 2,7% en août, elle ne connaît pas pour autant une accélération qui serait susceptible d’inquiéter la Fed.
En conséquence, le Federal Open Market Committee (FOMC) devrait, selon nous, annoncer une hausse des taux de 25 points de base à l’issue de sa réunion des 25 et 26 septembre, tout en soulignant la nécessité de poursuivre la normalisation de sa politique monétaire. Nous anticipons un nouveau relèvement des taux lors de la réunion de novembre, ou de décembre (soit un total de quatre hausses en 2018), avant deux nouvelles hausses au premier semestre 2019.
Il est toutefois important de souligner que la Fed ne mettra pas ses projets de hausse des taux en « pilotage automatique ». Le FOMC se montrera pragmatique à l’approche du taux neutre – le niveau de taux d’intérêt qui ne stimule ni ne freine la croissance économique. Les estimations concernant le taux neutre varient, mais Robert Kaplan, président de la Fed de Dallas, considère qu’il se situe autour de 2,5% tandis que d’autres estimations le voient plus proche de 3% (la fourchette cible du taux des Fed funds s’établit actuellement à 1,75%-2,00%).
Dans tous les cas, à mesure que la Fed se rapprochera du taux neutre, nous sommes convaincus que la banque centrale évaluera la trajectoire de l'inflation et ses risques pour l'activité économique américaine à l'abri des pressions politiques. Parallèlement, la Fed est bien consciente des risques qui se profilent à l'horizon, notamment la multiplication des guerres commerciales, la possibilité d’un Brexit dur, les tensions politiques en Italie, la contagion aux marchés émergents et la décélération de la croissance chinoise.
Dans l’ensemble, la Fed maintient une politique accommodante sans accuser de retard et semble relever ses taux à un rythme approprié pour contenir l’inflation. Il convient de garder à l’esprit que le FOMC a enclenché la hausse des taux au début du cycle économique actuel, en l’absence d’inflation, convaincu que cette dernière ne manquerait pas de se matérialiser. Et la Fed avait raison.