Après avoir été analyste chez Oddo BHF, responsable de la recherche ISR chez Sycomore, puis directrice de la gestion actions chez Mirova, Léa Dunand Chattelet est à la tête du pole « Investissement responsable » de DNCA. Figure française de l’investissement ISR, elle fait le point sur un thème d’investissement à la mode mais très protéiforme.
C’est la surenchère dans le monde de la finance : aujourd’hui tout le monde fait de l’ISR. Comment discerner les véritables produits ISR des démarches marketing ?
L’effervescence des fonds ISR est très liée à la réglementation et l’approche ISR est devenue obligatoire. Pour identifier un produit réellement responsable, il faut tout d’abord vérifier qu’il ait le label ISR français, attestant de l’existence d’une recherche ainsi que d’un reporting. Mais ce label, en ne disant rien du contenu des portefeuilles, reste insuffisant.
Il convient donc de s’intéresser également à la recherche mise en œuvre par les gérants, afin de savoir si elle est réalisée en interne ou si elle s’appuie sur des fournisseurs externes : je considère que l’utilisation de ces derniers ne permet pas un véritable dialogue avec les dirigeants d’entreprises.
Enfin, si un investisseur demande une analyse complète sur une entreprise, le gérant doit être en mesure de l’envoyer dans l’heure. De la même manière, les reporting ISR doivent être intégralement disponibles sur le site internet de la société de gestion.
Pouvez-vous dresser le portrait-robot d’un bon fonds ISR ?
Un bon fonds ISR a un impact positif, du point de vue social ou environnemental. Son gérant a un vrai track record ISR, soit une expertise à la fois financière et extra financière. Ajoutons à cela que le fonds ne possède pas de valeurs faisant face à des controverses. C’est un fonds de gestion de conviction : concentré autour de 40/45 valeurs, il délivre une performance financière dans le temps.
Et d’un mauvais fonds ISR ?
Un mauvais fonds ISR a un taux de rotation très élevé : on est loin de l’investisseur responsable qui accompagne les entreprises dans la durée. Son tracking error est faible, c'est-à-dire que la composition du portefeuille est proche de son indice de référence et ne démontre donc pas une sélectivité importante des valeurs. On peut par exemple se poser la question de la pertinence des ETF ISR.
Enfin, un mauvais fonds ISR s’autorise un ratio poubelle, c’est-à-dire une part des valeurs en portefeuille, souvent de l’ordre de 10 à 20%, ne correspondant pas à la philosophie du fonds.
Selon moi, aujourd’hui, seulement 30 % des fonds qui se revendiquent ISR le sont réellement.