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Premier volet d’une série de 3 articles rédigés conjointement par André de Palma (Professeur d'économie, Ecole Normale Supérieure de Cachan et directeur scientifique de RiskDesign), Nathalie Picard (Maître de conférences, Université Cergy-Pontoise et directrice R&D de RiskDesign) et Jean-Luc Prigent (Professeur de finance, Université de Cergy-Pontoise)

On part souvent de l’hypothèse que les investisseurs sont rationnels : ils maximiseraient une fonction d’objectif unique (celle-ci exprime entre autres la compensation entre rendement et volatilité).

Dans ce cadre, le conseil en investissement consiste :

  • à trouver les produits ou portefeuilles avec le meilleur couple risque-rendement et
  • à proposer les produits dont le risque est en rapport avec les capacités économiques et la psychologie de l’investisseur.

La théorie financière de Markowitz (modèle moyenne-variance) permet de déterminer la composition optimale du portefeuille proposé. Cette approche est encore largement utilisée à ce jour et la législation MiFID s’intéresse essentiellement au risque maximal (mesuré par la volatilité) que l’investisseur peut supporter.

Toutefois ce cadre de référence est sérieusement critiqué et battu en brèche par l’observation et l’expérimentation, depuis les travaux du prix Nobel d’économie Daniel Kahneman en collaboration avec le psychologue Amos Tversky, et l’avalanche de travaux qui a suivi1.

En effet, la théorie de Markowitz est incapable de répondre aux questions suivantes, pourtant relativement banales :

  1. Comment se fait-il qu’un investisseur puisse tout à la fois acheter des actions (du risque) et acheter de la sécurité (en s’assurant) ?
  2. Comment l’investisseur peut-il concilier plusieurs objectifs contradictoires tels qu’assurer un revenu stable pour la retraite et tenter de décrocher un gain important, quitte à prendre des risques, en vue de l’achat d’un bien durable, non-essentiel ?
  3. Comment expliquer l’adage : pas vendu, pas perdu, alors que la décision de vendre un produit financier devrait être motivée par les attentes des rendements futurs ?
  4. Comment tenir compte du phénomène de regret dans les décisions ?

Les réponses... lundi prochain.

Voir aussi

1 Kahneman, D. & A. Tversky (1979). Prospect theory: An analysis of decision under risk. Econometrica : 263-291.