Deuxième volet d’une série de 3 articles rédigés conjointement par André de Palma (Professeur d'économie, Ecole Normale Supérieure de Cachan et directeur scientifique de RiskDesign), Nathalie Picard (Maître de conférences, Université Cergy-Pontoise et directrice R&D de RiskDesign) et Jean-Luc Prigent (Professeur de finance, Université de Cergy-Pontoise).
Premier volet : Finance comportementale : les limites des modèles classiques.
Ces énigmes rendent compte de la différence entre les hypothétiques comportements rationnels et le comportement habituellement observé de l’investisseur. La finance comportementale, validée par une multitude d’observations tant en laboratoire que sur le terrain, fournit des clés pour comprendre chacune de ces énigmes1.Nous en reprenons quelques arguments ici :
- L’aversion au risque n’est pas la même pour de petits montants que pour des montants plus élevés. Elle dépend aussi de l’horizon du projet considéré. Une aversion au risque est liée à un projet d’investissement, caractérisé par un montant, un horizon et un objectif d’investissement.
- L’aversion au risque n’est pas la même pour les gains et les pertes.
- L’investisseur réagit en fonction d’un point de référence (par exemple le taux de rendement sans risque) et les rendements réalisés, soit supérieurs soit inférieurs au point de référence ne sont pas considérés comme symétrique par l’investisseur. Une perte est typiquement valorisée de une à quatre fois plus qu’un gain, selon les investisseurs et le contexte.
- L’investisseur se donne des objectifs, des points de référence et est satisfait ou insatisfait en fonction des performances relatives à ces points de référence2.
- L’investisseur raisonne en termes de comptabilité mentale : selon Richard Thaler, il agit comme s’il rangeait son épargne dans des tirelires à plusieurs fentes et plusieurs compartiments étanches : la retraite, l’épargne de précaution, l’achat d’un bien durable, l’héritage…
Ces considérations relèvent des préférences de l’investisseur et doivent être prises en compte pour lui fournir un conseil en investissement.
D’autres relèvent de biais de perception, qu’il convient de l’aider à combattre afin de lui proposer un investissement adapté à ses préférences, à son aversion au risque et sa tolérance aux pertes, purgées de ses erreurs de perception ou d’interprétation des informations qu’il reçoit.
Voir aussi
[1] Voir, par exemple, Barberis, N. &t R. Thaler (2003). A survey of behavioral finance, chapitre 18, Handbook of the Economics of Finance, Elsevier.
[2] Dans le milieu académique circule la blague suivante : qu’est-ce qu’un académique heureux ? Celui qui gagne plus que son collègue!