Les opérations se multiplient, mais attention aux niveaux de valorisation note Chicuong Dang, gérant KBL Richelieu Gestion.
Les opérations de fusions et acquisitions (M&A) ont le vent en poupe : 2017 était déjà un bon cru mais 2018 est tout aussi prometteur. Déjà 1.200 milliards de dollars d’opérations à travers le monde ont été annoncées rien qu’au 1er trimestre 2018, soit l’équivalent du PIB d’un pays comme l’Espagne !
Sans surprise, les sociétés les plus actives sont de nationalité nord-américaine mais aussi européenne et asiatique. La bonne orientation de l’ensemble des économies à travers le globe explique ce regain d’optimisme synchronisé des chefs d’entreprise.
Nous assistons aussi à une accélération des opérations de M&A parce que les entreprises ont les moyens de leurs ambitions. Leur structure financière a retrouvé la flexibilité d’antan, renforcée dans le cas des entreprises américaines par la réforme fiscale du président Trump. Les analystes de la banque Citi estiment que l’ensemble des entreprises du S&P 500 ont plus de 5.500 Mds$ pour faire des acquisitions sans risque de dégrader leur notation financière !
Enfin, malgré le rebond des taux d’emprunt à long terme, ces derniers restent particulièrement bas d’un point de vue historique. Or, le rebond de la croissance et celui de l’inflation entraineront tôt ou tard le rebond des taux d’intérêt… Il est donc temps d’agir. Les ingrédients sont réunis pour que 2018 soit encore un bon cru pour le M&A.
Pourtant dans ce ciel bleu, quelques nuages commencent à se former. Après plusieurs années de hausse des marchés actions, les valorisations sont désormais proches de leur prix d’équilibre. Pour qu’une offre de rachat soit acceptée, l’acquéreur doit offrir une prime à sa cible sur la base d’une valorisation déjà élevée… rendant ainsi la création de valeur difficile et incertaine. De plus, la dépréciation de cette prime payée est un risque en cas de retournement de l’environnement économique. Mais pour le moment, l’environnement reste porteur pour les opérations de M&A. Ne soyons pas des oiseaux de mauvais augure.