Pourquoi les régulateurs ont-ils récemment intensifié leurs efforts contre l'écoblanchiment ?
Les sujets de durabilité sont de plus en plus au centre des débats, positifs comme négatifs. En réponse, les régulateurs intensifient leurs efforts pour prévenir et lutter contre l’écoblanchiment.
Le problème majeur est que nous manquons encore de terminologies, de définitions ou de standards communément acceptés en matière d'ESG, d'ISR, de durabilité, d'impact, etc. La durabilité recouvre de nombreuses significations, différentes selon les intervenants, il est donc difficile de définir ce que le terme implique réellement. Et c’est cette ambiguïté qui peut nuire à l’industrie financière. Plus préoccupant : elle peut ralentir le mouvement d’allocation des capitaux sur les secteurs durables.
De même, de nombreux gouvernements, engagés à atteindre des objectifs précis en matière de lutte contre le changement climatique, de carboneutralité, d'économie circulaire et de transition énergétique juste, veulent s'assurer que ceux qui prétendent y contribuer le font réellement. C'est la raison pour laquelle les régulateurs se montrent plus attentifs. Sans terminologie commune, partagée par les différents acteurs de l’industrie financière, les gestionnaires d'actifs ont une grande liberté dans la manière dont ils présentent et nomment leurs fonds et stratégies durables. Cela peut être trompeur pour les investisseurs, qui trouveront complexe de sélectionner les fonds qui répondent vraiment à leurs objectifs financiers et de durabilité.
Il est certes difficile de définir la notion de "responsable" ou "durable", car elle relève en partie d'une perspective personnelle, émotionnelle ou culturelle. Malgré cette difficulté, il est peu probable que les régulateurs ralentissent leur action. Dans un effort de normalisation et de transparence conforme à ses objectifs de durabilité, la Commission européenne a décidé d'adopter une approche structurée de la réglementation avec SFDR, la taxonomie de l’UE et la directive CSRD pour les entreprises. Les États-Unis ont emboîté le pas à l’Europe et ont eux aussi intensifié la législation en matière d’ESG, avec un certain nombre de propositions de la SEC liées au reporting climatique au niveau des entreprises, à la terminologie ESG, à la dénomination des fonds et aux exigences de divulgation d’informations pour les conseillers financiers.
Cela poussera-t-il les sociétés de gestion à être plus attentives dans la dénomination de leurs fonds ?
Un environnement réglementaire plus strict poussera certainement les sociétés de gestion à adopter une approche plus prudente dans la dénomination des fonds. Cela sera positif pour la transparence, les sociétés de gestion donneront davantage d’informations sur les fonds et leurs compétences en matière de durabilité. Si elles présentent un fonds comme durable ou ESG, elles devront fournir une documentation détaillée sur l’approche adoptée, les données utilisées dans le processus de gestion, et les résultats obtenus. Seule une plus grande transparence permettra aux sociétés de gestion d’éviter les sanctions.
Mais ce contrôle poussé peut également dissuader les gérants d’actifs d’afficher comme ESG des fonds ou des stratégies qui auraient effectivement des caractéristiques ESG. A court terme on peut s’attendre à une période d’attentisme, mais à mesure que les régulateurs clarifieront leurs attentes et que les définitions évolueront, à moyen-long terme ce problème devrait se régler naturellement.
Les gestionnaires ESG, et plus généralement les investissements durables, seront-ils pénalisés par les cas récents d’écoblanchiment ?
La multiplication des cas d’écoblanchiment risque d’alimenter les critiques contre l’investissement durable, en particulier de la part des sceptiques. Mais de toute crise il faut tirer des enseignements. Les sociétés de gestion qui font de l’ESG depuis longtemps et qui sont vraiment engagées dans l’investissement responsable se saisissent de cette opportunité pour améliorer encore la transparence et la qualité de leurs reportings sur les stratégies ESG. On peut voir les difficultés actuelles comme une période de rodage, dans un contexte de forte croissance de l’investissement durable. L’investissement durable restera la tendance majeure de l’industrie, dans la suite des dernières décennies. Le contexte actuel obligera les acteurs à adopter une approche plus réfléchie de l’investissement responsable, et à long terme cela sera positif pour le secteur.
Quel rôle les législateurs pourraient-ils jouer à l’avenir dans la prévention de l’écoblanchiment ?
La législation peut contribuer à la prévention de l’écoblanchiment en créant des taxonomies et des objectifs de durabilité clairs, incluant des normes en matière de transparence, tant pour les entreprises que pour les investisseurs. Il s’agit de définir les principes fondamentaux qui jettent les bases sur la façon dont notre industrie doit fonctionner et avec quels objectifs. Cela peut simplifier la tâche des sociétés de gestion, dans la mesure où les directives leur donnent des instructions plus claires sur la manière dont un fonds peut et doit être présenté, et sur ce qui est attendu de chaque fonds durable. Cela peut également aider les clients à mieux comprendre les stratégies d’investissement et les données sous-jacentes ainsi que les résultats attendus, tant du point de vue de la durabilité que du point de vue financier.
Au niveau des gérants de portefeuille, cela peut également les aider à mieux analyser les sociétés dans lesquelles ils envisagent d’investir, par exemple avec la récente proposition de la SEC sur les informations relatives au changement climatique (Climate Related Disclosure). Si le projet de loi est adopté, il favorisera la transparence au niveau des entreprises et, en fin de compte, il permettra aux investisseurs de prendre des décisions plus éclairées.
Dans l’ensemble, les mesures législatives vont dans le sens d’une plus grande transparence à tous les niveaux de l’investissement durable, ce qui, à terme, devrait réduire l’écoblanchiment. Dans ce contexte de transparence accrue, les gérants comme les entreprises ne peuvent plus se cacher derrière une étiquette « verte », ils doivent fournir des preuves.
Wim Van Hyfte, Ph.D., Global Head of ESG Investments and Research chez Candriam
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