L’engagement auprès des entreprises complète efficacement les outils à la disposition de l’investisseur responsable.
L’histoire des réformes environnementales et sociales a été marquée par des campagnes de terrain. Aux États-Unis, elles ont joué un rôle crucial dans l’adoption de dispositions transformatrices sur le bien-être et la santé, d’une législation sur l’eau potable et de lois sur la protection de la faune sauvage. Elles ont connu un succès comparable en Europe.
Il est dès lors étonnant que, dans le monde de l’investissement responsable, la plupart des investisseurs ne se soient pas davantage penchés sur ce type de stratégie consistant à exploiter la puissance des actionnaires pour améliorer le fonctionnement des entreprises et leur stratégie commerciale. Le manque d’enthousiasme peut notamment s’expliquer par l’impact plus immédiat que les solutions alternatives à l’engagement auprès des entreprises semblent avoir.
On pourrait logiquement penser qu’il est plus efficace et facile d’éviter les «mauvaises» entreprises dans leur ensemble ou d’investir exclusivement dans celles qui opèrent dans des secteurs durables. Pourtant, en y regardant de plus près, les choses ne sont pas si simples. L’allocation de capitaux dans des entreprises cotées qui sont, par exemple, spécialisées dans les technologies vertes ou l’aide sociale n’a de sens que jusqu’à un certain point. Une fois que le cours d’une action intègre entièrement la prime environnementale ou sociale d’une entreprise, le titre devient onéreux. Cela réduit donc les possibilités de performance liées à des investissements supplémentaires.
De nombreuses entreprises cotées en bourse et affichant de solides références sociales ou environnementales voient déjà leurs actions s’échanger à des multiples "price-earnings" que nous considérons comme élevés. Dès lors, investir dans ces titres ne se justifie pas toujours du point de vue financier. Le désinvestissement, ou l’exclusion des actions non vertueuses, présente des inconvénients encore plus importants. Selon un rapport cosigné par Pictet, Retraites Populaires et l’Enterprise for Society Center (E4S), les désinvestissements ont souvent des conséquences opposées aux objectifs des investisseurs1. Cette étude principalement axée sur les émissions de carbone des entreprises a montré que les désinvestissements ne poussaient pas les sociétés très polluantes à adopter des pratiques commerciales durables.
Sa conclusion est que l’exclusion des sociétés «sales» des portefeuilles n’a que peu ou pas d’effet sur le coût de leurs capitaux ou sur leur accès aux financements, ce qui contredit les défenseurs des politiques de désinvestissement. C’est notamment le cas pour les entreprises actives dans le secteur de l’énergie.
Peter Rawlence, Investment Manager - Specialist Equities
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