Fidelity International - L’Humeur des Marchés : Maîtres zen
Édito
Les investisseurs n'avaient pas vraiment besoin de cela. Pas vraiment, sachant que, dans la mélasse monétaire et conjoncturelle actuelle, ils sont déjà en peine de trouver la sortie dans une cabine de douche. Alors quand les terroristes du Hamas ont attaqué l’État hébreu, leur cécité ne s'est pas arrangée. Lundi, dans un réflexe pavlovien, ils se ruaient à l'ouverture des marchés sur tout ce qui était rassurant. À commencer par l'or (dont les cours ont terminé la semaine un peu au-dessus des 1 900 dollars l'once). Mais, également, le dollar ou encore le yen. Sans oublier, bien sûr, les obligations souveraines qui voyaient leur rendement mécaniquement baisser sous l'afflux de la demande. Parallèlement, étant donné la détérioration du contexte géopolitique, les prix du baril reprenaient une tangente ascensionnelle. Dans cet environnement de marché, pour le moins chamboulé, l'exercice d'anticipation se corsait bien plus encore qu'au lendemain de la dernière réunion de la Fed.
Mais, en définitive, cette réaction ne fut qu'épidermique. Contrastant avec la tendance névrotique des dernières semaines, les investisseurs se sont révélés être, au-delà de la séance de lundi, d'improbables maîtres zen face au conflit. Si l'ouverture de la saison des résultats peut être un élément d'explication, d'autres facteurs justifient, par ailleurs, cette relative indolence. En premier lieu, malgré l'horreur des évènements et au-delà du seul conflit israélo-palestinien, le fait que le Proche-Orient est, malheureusement depuis trop longtemps, le théâtre d'affrontements récurrents auxquels les investisseurs sont rompus. En outre, la page qui s'ouvre a plus d'implications géopolitiques qu'elle ne présente de retombées économiques à grande échelle… Comme a pu en avoir, par exemple, la guerre en Ukraine, impliquant directement un acteur majeur de la production mondiale de gaz et de pétrole. Si, dans le contexte actuel, le Moyen-Orient n'en manque pas (Arabie Saoudite, Iran, Qatar), ils ne sont - pour l'instant - que diplomatiquement, et donc indirectement, impliqués. Autant d'éléments qui peuvent expliquer la réaction mesurée des marchés par contraste avec l'ampleur des événements survenus.