En thérapie / Édito
Depuis quelques temps, chaque nouvelle réunion de politique monétaire se transforme en séance de psychanalyse pour le marché. Alors qu'une tâche symétrique en forme papillon a beau lui être montrée, le patient répète immanquablement "pivot" ou "dovish". À première vue, le sujet souffrait jusqu’ici d'un syndrome post-traumatique assez logique après avoir passé un an dans la fournaise d'un napalm inflationniste et sous un déluge de hausses de 75 pb. Toutefois, il semblerait que la tâche papillon commence effectivement à ressembler à un pivot… C’est, en tout cas, ce que laissait entendre le docteur Powell lors de la séance de la semaine passée à l'issue de laquelle il a quand même prescrit un nouveau relèvement de 25 pb. Par déduction, la prescription était inévitable. Suggérant que son interlocuteur lui aurait caché des choses, un statu-quo aurait précipité le patient dans un accès de paranoïa. À l'inverse, après le coup de grisou sur le secteur bancaire de la semaine précédente, 50 pb auraient plongé le sujet dans un état catatonique.
Malgré tout, cette semaine en thérapie n'aura toutefois pas évité une nouvelle phase neurasthénique. Certes, les marchés sont rassurés sur le fait que la fin du calvaire monétaire pourrait potentiellement ne plus être très loin. En tout cas, aux États-Unis. En Europe, il faudra encore s'armer de patience. Certes aussi, au prix d'un discrédit suisse qui ne laisse à la Confédération que son chocolat et son horlogerie pour pleurer, le rachat par UBS de son concurrent historique a apaisé les craintes d'un effet de contagion. Mais la dépression est un mal profond. Et tel un équilibriste en proie au doute sur une corde tendue à cent mètres du sol, le patient est alors à la merci du moindre souffle. Or, une nouvelle brise d'incertitude s'est levée en fin de semaine sur la Deutsche Bank. Si chacun s'est empressé de rassurer sur la solidité du mastodonte allemand, ce nouvel élan de panique met surtout en lumière l'état de délabrement psychologique des marchés qui pourraient néanmoins faire contre mauvaise fortune bon cœur. Cette fébrilité générale serait en effet de nature à convaincre la BCE de faire prochainement une pause dans sa lobotomie de l'inflation.
Le graph. de la semaine :
Taux longs americains et allemands
Source : Bloomberg, 31/12/2022-24/03/2023
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