Entreprises citées : Altice, SFR, Morgan Stanley, Teva, Valeant, Faurecia, Casino, Loxam, Picard, Ardagh, Unibail.
C’est encore la hausse des taux longs qui animait cette semaine de rentrée et tous les acteurs du monde économique et financier semblent désormais se plier au fait qu’il faudra bel et bien s’habituer à ces taux de financement significativement plus élevés pour un certain temps. Qu’il s’agisse des entreprises, des investisseurs, des agences de notation, des analystes, tous ont dû réviser leurs objectifs et leur modus operandi.
Après avoir abordé le point de vue banques centrales et investisseurs la semaine passée, nous nous intéresserons cette semaine aux entreprises au sein desquelles nous notons, dans les stratégies et politiques financières, un tournant significatif. Nous noterons en particulier l’exemple d’Altice, qui après des années de financement à bon compte, de croissance à marche forcée et d’endettement massif largement toléré par les marchés, semble avoir bifurqué vers une politique plus raisonnable. Bien sûr, l’épisode de la découverte d’une fraude orchestrée par Monsieur Armando Pereira peut être considéré comme déclencheur de la prise de conscience des marchés et de Monsieur Draghi sur la nécessité de réduire la voilure et de retrouver la faveur des marchés. C’est en effet à partir de ce moment que pléthore d’articles parurent sur l’endettement de l’entreprise, sa croissance, sa difficulté à dégager suffisamment de cash-flows sur certains métiers… Mais les investisseurs, eux, avaient en réalité déjà apprécié ce risque depuis bien longtemps comme en témoigne le prix des obligations Altice et SFR, qui avaient chuté bien avant la découverte de cette affaire. (cf graphe ci-dessous) Et, si elle a pu être accélérée pour rétablir plus rapidement l’image du groupe, il est évident que la vente des data centers à Morgan Stanley, réalisée cette semaine pour un montant de 1 milliard d’euros a été préparé depuis plusieurs mois. Cette cession doit être appréciée à deux points de vue : premièrement la prise de conscience du groupe, comme celle de Teva ou Valeant en leur temps, et deuxièmement la capacité du groupe à vendre ses actifs au prix auquel elle les valorisait et à des montants comparables à la dette contractée en face ; ce dernier facteur étant capital pour les investisseurs pour s’assurer de la viabilité d’un groupe. Ce fut le cas dans cette opération et l’annonce, quelques jours plus tard d’une possible vente partielle de SFR a continué de conforter les marchés, comme en témoigne le léger rebond des obligations ces derniers jours.
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Matthieu Bailly, directeur général délégué et gérant obligataire
A Propos d’Octo AM
Créée en 2011 à l’initiative d’Octo Finances et adossée au groupe Amplegest depuis 2018, Octo AM est spécialiste de la gestion obligataire ‘value’. S’adressant essentiellement aux investisseurs professionnels, qu’ils soient institutionnels ou patrimoniaux, Octo AM décline sa gestion au travers de fonds ouverts, fonds dédiés ou mandats avec un objectif permanent : rechercher les obligations offrant, selon le gérant, un rendement supérieur à son risque de crédit sur un horizon donné.